Daniel Owassa : « Le Congo doit d’abord compter sur ses efforts pour assurer son développement »

Jeudi 9 Juillet 2015 - 16:48

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En poste, depuis trois années, l'ambassadeur du Congo en République populaire de Chine, Daniel Owassa a accordé une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville. Il y aborde le développement de la Chine, les relations avec le Congo avec, en toile de fond, les échanges commerciaux qui ont atteint 6,5 milliards de dollars américains en fin 2014.

Les Dépêches de Brazzaville : la Chine est devenue une puissance économique du monde. Le Congo a-t-il un profit à en tirer ?

Daniel Owassa : la visite du président Xi Jinping juste après sa prise de fonction illustre bien la qualité des relations et de la coopération mais également l’une des preuves que le Congo tire quelque chose surtout à partir de 2006 après la visite de l’ancien Premier ministre chinois Wen Jiabao au Congo. Au cours de cette visite, il avait été établi le partenariat stratégique entre la Chine et le Congo. Il y a eu un bond qualitatif après cette visite au niveau de la coopération puisqu’on était avant l’an 2000 à moins d’un milliard de dollars américains des échanges et à la fin de 2014 on a pu atteindre 6,5 milliards de dollars américains. Ce n’est pas rien, le Congo a effectivement gagné quelque chose avec le développement observé du côté de la Chine. Donc, on s’est développé un peu aussi avec la Chine, c’est-à-dire que si le Congo a fait des pas en avant depuis quelques années, il faut compter aussi avec la contribution de la Chine.

 LDB : Qu’en est-il des accords signés l’année dernière lors de la visite du président Denis Sassou N’Guesso en Chine ?

D.O : La chose essentielle à retenir de cette visite, c’est que les deux parties ont fait l’évaluation de la mise en œuvre du partenariat stratégique établi en 2006. Et, le constat qui avait été fait c’est que ce partenariat s’exécutait normalement à la satisfaction des deux parties. D’où la décision prise par les deux parties de poursuivre avec le partenariat stratégique.

Je crois qu’une partie de la bureaucratie a déjà été fait et ce qui s’exécute aujourd’hui relève des questions pratiques à régler sur le terrain. Il y a par exemple la construction des sièges des deux chambres du Parlement, la partie chinoise est prête et n'attend que la partie congolaise de rendre disponibles les terrains. De tels choses ont empêché le démarrage de certains projets.

LDB : Quelle est votre appréciation sur le développement de la Chine et que doit faire le Congo pour en tirer profit ?

D.O : La Chine a travaillé pour atteindre ce stade de développement ; ce ne sont pas des gens venus de l’extérieur qui l’ont développée. Ce sont des Chinois qui ont réfléchi par rapport à leur situation et ont trouvé de remède qui leur ont permis de connaître le développement. Il ne faudrait pas penser que le développement d’un pays viendra de l’extérieur. C’est d’abord nos propres efforts quitte à compter sur les amis comme la Chine qui sont disposés à nous accompagner avec les moyens dont ils disposent. Il reste aussi qu’on est maintenant nombreux à regarder la Chine, toute l’Afrique, les pays d’Asie et même les grandes puissances. La Chine est devenue comme une sorte de capitale du monde, mais, elle ne peut pas seule s’occuper des problèmes de développement de tous les pays. Quitte à ce que chacun de nous sache ce qu’il peut tirer sans trop compter sur la Chine. Elle a aussi ses propres problèmes de développement.

LDB : Pensez-vous avoir une lourde charge en assumant les fonctions de représentant du Congo en Chine ?

D.O : Pas du tout. Bien au contraire, je me base beaucoup sur la qualité des relations entre la Chine et le Congo. C’est tellement bon, les choses sont lisses, on n’a pas vraiment de difficultés particulières à gérer ce genre de relations, ça se passe très bien.

Il n' y a pas de souci, je prends à témoin le ministre-conseiller et l’attaché technique. La première des choses, nous sommes venus ici pour travailler parce que si vous mettez les soucis avant, vous risquez d’oublier l’essentiel. Le gouvernement nous a donné les moyens qui nous permettent de travailler et c’est ce que nous essayons de faire.

LDB : Où en êtes-vous avec le projet de construction d’un nouveau siège de l’ambassade du Congo à Beijing ?

D.O : La demande a été faite à la partie chinoise, le problème c’est avoir le terrain sur lequel pourra être érigé le siège de l’ambassade. La partie chinoise avait marqué son accord mais pour rendre le terrain disponible, il y a un certain nombre de mesures à prendre en amont et il faut attendre pas moins de deux ans. Voilà où nous en sommes avec ce projet.               

LDB : L’ambassade du Congo à Beijing possède une école consulaire fondée en 1974. Comment faites-vous pour assurer le fonctionnement ?  

D.O : Vous touchez là à un des grands problèmes auxquels sont confrontés les diplomates de manière générale. A l’époque, dans les années 70, le gouvernement congolais avait bien saisi le problème en installant les écoles consulaires là où il y avait les problèmes de langue. Il y en avait à Maputo au Mozambique, à Luanda et Cabinda en Angola et à Pékin en Chine. Dans l’effervescence de la conférence nationale souveraine des décisions ont conduit à la fermeture de ces écoles. Nécessité faisant loi, les écoles de Luanda et de Pékin ont survécu jusqu’aujourd’hui.

En ce qui nous concerne, la présence de cette école s’impose. Certes, elle ne dispose pas d’assez de moyens, mais l’ambassade s’efforce de l’accompagner pour qu’elle continue à vivre et à remplir la mission qu’on lui a assignée. Cette école compte les élèves du CEP1 jusqu’en classe de 3ème. Pour leur encadrement, le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire met à notre disposition trois enseignants qui sont aidés sur place par des épouses ou époux des diplomates de profession enseignant. On fait également recours aux étudiants du niveau supérieur à la licence.

LDB : Peut-on avoir une idée réelle du nombre de Congolais vivant en Chine ?

D.O : C’est difficile de vous dire le nombre exact des ressortissants congolais en Chine. Parce que les Congolais qui vivent en Chine sont essentiellement des étudiants. S’il n’y avait que les étudiants régulièrement envoyés par le ministère de l’Enseignement supérieur, oui. Malheureusement, les plus nombreux sont des étudiants qui sont envoyés par leurs parents. Ils ne sont pas connus par le ministère de l’Enseignement supérieur et sont éparpillés dans les différentes provinces et villes de la Chine. Il est difficile dans ce cas de savoir qui est arrivé. Nous sommes informés seulement lorsqu’ils ont besoin d’un papier ou sont en difficulté. Voilà le problème, mais de manière générale on peut estimer à un peu plus de 2000 le nombre de Congolais vivant en Chine.

Propos recueillis par Guy-Gervais Kitina à Beijing

Légendes et crédits photo : 

L'ambassadeur du Congo en Chine, Daniel Owassa; Daniel Owassa et ses collaborateurs posent sur le perron de l'ambassade en compagnie des journalistes congolais.

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