Couleurs de chez nous : « L’heure congolaise »Vendredi 12 Mai 2017 - 23:18 Ceux qui lisent cette chronique savent ce que signifient la notion de temps et la ponctualité. Ce sont-là des qualités chez certaines personnes. Elles témoignent de l’éducation des uns et des autres. Et, au-delà, pour les peuples et les sociétés, ces deux notions font partie du mode de vie. Les entreprises modernes ont intégré la notion de temps comme un critère d’évaluation des services et des employés. Le non-respect de ces principes expose leurs auteurs à des sanctions qui, souvent, portent sur l’amputation du salaire. Or, au Congo, la notion de temps ou la ponctualité sont encore perçues comme des objectifs à atteindre. Les citoyens de ce pays sont plutôt fiers quand ils arrivent avec retard à leurs services, à un rendez-vous ou à une cérémonie. Bien au contraire s’offusquent-ils lorsque, circonstances aidant, ils arrivent plus tôt. Ils sont champions, gens d’ici, dans la confection de cartes d’invitation, en marquant : « 10 heures précises » ou « notion d’heure » par exemple. Aller à une cérémonie de mariage coutumier, même civil, pour le constater. Une cérémonie prévue pour démarrer à 10 heures sonnantes commence plutôt à 12 heures. Même au-delà ! Le hic, c’est de voir des gens continuer d’arriver non sans arrogance ou exigences exprimées sur l’accueil qu’on doit leur réserver. Etc. Ils ne s’arrêtent pas au retard car le non-respect du temps dont il est question ici va jusqu’à la gestion de celui-ci. Des cérémonies sans fin, avec un timing que personne ne maîtrise. Des attitudes récurrentes dans leur agir tant public que privé. Combien de fois des cérémonies officielles n’ont-elles pas connu des retards dans le démarrage pour mille et une raisons ? Parfois sans aucune raison. Plusieurs fois, des ministres ont été contraints de lancer des activités alors que certains invités continuent d’arriver et de prendre place dans l’assistance. Même les gens des medias dont la ponctualité devrait être la règle d’or sont gagnés par ce virus du retard. Et, c’est sans honte qu’on les voit déployer leur matériel de reportage. Dans les restaurants, les lieux privés et lieux publics, nombre de gens souffrent d’attendre des amis qui ne respectent pas l’heure du rendez-vous, arrivent avec retard ou n’arrivent plus du tout. C’est ancré dans les mœurs et personne ne se sent interpellée. L’argument ici est connu : « c’est l’heure congolaise». C’est-à-dire : « quand on te dit 10 heures, il faut venir à 12 heures. » Tangible et inflexible, tel est le principe. Un mode de vie qui les met souvent en difficulté une fois sortis du pays. « L’heure congolaise », une tare qui nous colle à la peau. Une couleur plutôt terne dans notre façon de vivre.
Van Francis NTALOUBI Notification:Non |