Slam et percussion: Diofel initie les enfants de la rueLundi 27 Août 2018 - 14:00 Le slameur ponténégrin anime, depuis le 7 août, un atelier destiné aux enfants en situation de rue suivis par le Samusocial. L’activité qui vise à susciter en eux le talent artistique sera clôturée le 30 septembre, avec une restitution qui aura lieu dans l’enceinte de cette structure. Outre le slam et la percussion, les enfants apprennent aussi le rap et le chant. Trois semaines après le lancement de l’atelier, des talents se sont déjà révélés. Diofel a confié avoir été surpris dès le départ par leur bonne mémoire. « J’ai proposé un exercice qui consiste à raconter sa journée, ses rêves, ses pensées. C’est surprenant de voir comment ils s’expriment, comment ils sortent des choses. Il y en a qui peuvent parler pendant longtemps avec les moindres détails», a-t-il fait savoir. Ces enfants ayant pour la plupart des difficultés à écrire et parler français, l’atelier se base sur des séances pratiques qui se font en lingala et kituba, des langues qu’ils maîtrisent mieux. Les participants apprennent à construire des phrases, faire le choix des mots qu’ils doivent retenir et dire en suivant le rythme de la percussion ou de la bande rythmique. «Le but c’est de titiller la fibre artistique de chacun pour voir naître des chanteurs, slameurs et rappeurs. Les séances sont principalement pratiques pour leur permettre de s’exprimer en utilisant les mots qu’ils ont pour pouvoir dire des choses sans être violents, parce que les enfants de la rue sont confrontés à un univers où c’est le plus fort qui gagne», a-t-il dit. Les exercices auxquels des éléments sont ajoutés au fur et à mesure pour rendre, entre autres, les textes plus poétiques, ont permis de découvrir qui est plus à l’aise dans le slam, le rap ou le chant. Bien connu du public ponténégrin, Diofel est l’un des talents sûrs du slam congolais. Avant cet atelier, l’artiste s’est produit en concert, en juillet dernier, dans un restaurant de la place. Il a présenté quatorze titres parmi lesquels " Je ne crains rien", "Au commencement", "Mamie la prostitué" et "Wayoye" qui évoque les douleurs causées par les pluies, les souffrances des démunis habitant le libodo (vasière). L’artiste a commencé sa carrière avec le chant (R&B) dans le groupe Les lovers, à Pointe-Noire, avant de se retrouver dans La Section, groupe de rap qui réunissait des jeunes congolais et gabonais partis poursuivre leurs études au Sénégal où il s’est découvert une passion pour le slam. «Le slam est arrivé comme un espèce de fédérateur entre la chanson et le rap. Je parle beaucoup plus que je chante. Le slam en lui-même ce n’est pas uniquement la déclamation, c’est un passage entre ton écrit dans ta chambre et la scène. J’ai l’habitude de dire qu’il y a autant de façon de slamer qu’il y a des slameurs», a-t-il expliqué. Diofel est actuellement en studio pour un premier enregistrement qui se fait avec l’appui du collectif Mobembo. Il a dit avoir une préférence pour le leave et la scène. «Je ne suis pas trop studio, je préfère la scène parce que c’est un peu plus vrai. Là au moins tu as les émotions et tu sais comment tu les retranscris. Tu vois le sourire et tu interagis. Mais en même temps, les gens ont besoin de support», a-t-il fait savoir. Concernant les difficultés des artistes du paysage et d’ailleurs souvent marginalisés de par leurs choix, il les a encouragés à continuer de croire et de s'exprimer.
Lucie Prisca Condhet N’Zinga Légendes et crédits photo :-Diofel et les participants à l'atelier de slam au Samusocial Notification:Non |