Education : Chine, la nouvelle destination prisée des étudiants africains

Samedi 28 Juillet 2018 - 12:15

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Bientôt la proclamation des résultats du baccalauréat session de juin 2018. Pour les futurs admis se posera alors la question de la poursuite des études universitaires. Que faire ? et surtout où les faire ? Telles sont les deux principales interrogations qui taraudent déjà dans l’esprit des aspirants étudiants.

Ce n’est un secret pour personne, la majorité des bacheliers congolais n’aspire qu’à une chose ; partir faire ses études ailleurs. Tout simplement parce que l’Université Marien-Ngouabi a depuis plusieurs années perdu ses lettres de noblesse. Les grèves à répétition et les années académiques dont on ne maîtrise plus le calendrier ont fini par décourager cette jeunesse qui veut simplement se donner les meilleures opportunités et les meilleures chances de faire des études qui déboucheront sur une place méritée sur le marché de l’emploi. En attendant donc le début effectif des programmes dans l’imposante université Denis-Sassou-N’Guesso qui surplombe les hauteurs de Kintélé, les jeunes étudiants congolais ne fredonnent qu’un refrain bien connu : partir.

Une fois que cette décision est prise, le choix n’est pas non plus aisé à faire car les études universitaires ont un coût important pour les familles. Mais depuis quelques temps, avec le parcours du combattant imposé par les chancelleries occidentales aux étudiants pour leur délivrer des visas d’études, nombreux parmi ceux-ci n’hésitent plus à abandonner le rêve français ou américain pour aller étudier en Chine, dans une langue qu’ils n’ont jamais imaginé parler.

La France en voie d'être détrônée par la Chine 

La France demeure certes la première destination des étudiants africains avec un contingent estimé à quatre-vingt-quinze mille chaque année mais la Chine arrive désormais en deuxième position, avec cinquante mille étudiants accueillis chaque année depuis 2014, supplantant ainsi l’Angleterre et les Etats-Unis avec quarante mille étudiants respectivement. Il faut dire que l’augmentation du nombre d’étudiants africains en Chine est remarquable car en moins de quinze ans, ce corps étudiant a augmenté de  plus de vingt fois, passant de deux mille en 2003 à près de cinquante mille en 2015 et ce chiffre passera certainement à quatre-vingt mille d’ici à la fin de l’année.

Cette augmentation spectaculaire des étudiants en provenance d’Afrique s’explique en partie par l’attention ciblée par le gouvernement chinois sur deux domaines : le développement des ressources humaines africaines et l’éducation. Depuis l’an 2000, le Forum de Chine sur les sommets de coopération Chine-Afrique a promis un soutien financier et politique à l’éducation africaine sur le continent et à l’étranger en Chine.

Depuis 2006, la Chine a fixé des objectifs de bourses d’études pour aider les étudiants africains à aller étudier chez elle. Par exemple, lors du sommet de 2015, la Chine s’était engagée à fournir trente mille bourses supplémentaires aux étudiants africains d’ici à 2018. L’octroi simplifié de bourses aux étudiants étrangers avec, en tête, ceux venus du continent africain est à l’origine de cette ruée vers la Chine. En dix ans, le nombre de bourses accordées aux Africains a été multiplié par plus de trois cents.

Pour les autorités chinoises, fournir l’éducation aux Africains est une forme de renforcement de leur coopération avec le continent, cultivant ainsi la prochaine génération des élites africaines. L’expérience acquise par ces étudiants peut se traduire à l’avenir par une volonté de travailler encore plus avec la Chine. N’oublions pas que ce pays est prédit à un futur de première puissance mondiale dans quelques années. Pour ces étudiants, c’est donc la possibilité de développer des relations d’affaires et d’apprendre la langue d’une superpuissance en devenir. Le Congo, de son côté, envoie chaque année dans le cadre de sa coopération avec la Chine, plus d’une centaine d’étudiants dans ce pays.

Boris Kharl Ebaka

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