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Le Bassin du Congo, terre d’avenir !

Samedi 15 Octobre 2016 - 13:09

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Alors même que la presse internationale s’obstine à décrire l’Afrique centrale comme la terre de tous les dangers, de tous les excès, de toutes les déviances les grandes puissances, elles, s’emploient de façon significative à y renforcer leurs positions. Avec, en ligne de mire, l’émergence aussi rapide qu’inéluctable d’une des régions les plus peuplées, les mieux pourvues en matières premières, les plus vivantes et donc les plus riches potentiellement de la planète.

Lorsque l’on connait le pragmatisme, pour ne pas dire le cynisme, des « Grands » un tel comportement, une telle attention ne peuvent s’expliquer que par le constat suivant : derrière les troubles présents et en dépit des mauvaises apparences que projettent les crises politiques récurrentes dont souffrent les peuples de cette partie du monde, le Bassin du Congo est perçu comme une terre d’avenir, un espace géographique qui s’imposera à plus ou moins brève échéance comme l’un de ceux où il importe le plus d’être présents.

L’avantage du métier d’observateur que nous exerçons depuis plus de deux décennies à Brazzaville est qu’il nous permet de voir ce que nombre d’acteurs internationaux, pris par leurs activités trop intenses mais aussi, trop souvent par une vision fausse de cette partie de l’Afrique, ne voient pas ou ne veulent pas encore voir. Et cette observation continue fait apparaître trois vérités incontournables :

  1. Le Bassin du Congo détient des richesses matérielles de toute nature dont la plupart ne sont toujours pas exploitées. Il a donc un capital sans égal dont l’immensité du fleuve et de ses affluents permettra demain la mise en exploitation raisonnée et raisonnable. S’il est pauvre aujourd’hui il sera riche, très riche même demain et cela conduira les Etats qui le composent à s’entendre pour former une communauté régionale puissante.

  2. Les conflits qui le déchirent présentement sont le résultat, pour une très large part, de la domination coloniale qui empêcha la constitution d’Etats structurés au lendemain des indépendances. Même si ces conflits ont en apparence des bases ethniques, ils sont artificiels et s’effaceront sitôt que les citoyens auront atteint un niveau de confort les conduisant à s’entendre pour mettre un terme aux violences dont ils sont aujourd’hui victimes.

  3. Tout comme cela s’est passé en Chine les nouvelles générations vont évoluer de telle façon que, très vite, elles exigeront et obtiendront de leurs dirigeants une réforme en profondeur de la gouvernance publique. L’abolition de l’espace et du temps que génèrent les technologies modernes et dont ces mêmes générations s’imprègnent à un rythme incroyablement rapide provoquera donc une ouverture sur le monde extérieur dont nous n’avons pas idée.

Si les anciennes puissances coloniales comme la France, la Belgique, l’Angleterre, le Portugal, l’Italie, l’Espagne n’ont pas encore pris la juste mesure de la révolution au sens propre du terme qui se prépare sur toute l’étendue de l’Afrique centrale  la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et même la Russie, encore très discrète, ont compris, eux, que le temps du Bassin du Congo est venu. Nous en aurons la preuve matérielle dans le très proche avenir.

Et cette nouvelle perception aura cette conséquence très pratique que, d’une part, les investissements s’envoleront sur  toute l’étendue de l’Afrique centrale, que d’autre part les frontières artificielles élevées entre les peuples à l’issue du Traité de Berlin il y a cent dix ans, s’effaceront inexorablement.

Ainsi s’écrira à nouveau l’Histoire.

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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