Salon de Genève : des chercheurs africains réunis autour d’une table

Vendredi 3 Mai 2019 - 18:55

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Au deuxième jour du Salon de Genève, l’attrait a été assurément vers le baobab coloré du Salon africain. Entre autres programmations de Pascale Kramer et Boniface Mongo-Mboussa, la table ronde « Chercheurs d’Afriques ».

A la mi-journée du 2 mai, sous la modération de Tirthankar Chanda, une rencontre entre Roland Colin et Henri Lopes, deux témoins et acteurs de l’Histoire de l’Afrique. Dans le contexte de la ligne éditoriale de la trente-troisième édition du Salon de Genève, ce sont deux chercheurs d’Afrique, à l’instar d’André, dans le roman éponyme d’Henri Lopes.

Roland Colin est auteur du livre "La toison d’or de la liberté / En quête de la démocratie en terres d’Afrique et d’ailleurs", paru chez Présence Africaine, l’année dernière.

Dans son ouvrage, qu’il qualifie de « récit de vie », « une longue navette vers la liberté contre vents et marées », il développe une philosophie du développement par et dans la participation des citoyens des communautés dans lesquelles ceux-ci s’expriment. « C’est l’éclairage des voies du présent et de l’avenir », précise-t-il.

Lors de la table ronde, il est revenu, non seulement sur ses amitiés avec Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, mais également sur le rôle de premier plan auprès de ces deux leaders qui ont eu de graves dissensions lors de l’accession du Sénégal à l’indépendance.

Pour Henri Lopes, dont l’inspiration du thème du salon provient de l’un de ses ouvrages, « c’est un honneur d’avoir découvert le thème "Chercheurs d’Afriques" en lisant la programmation », confie-t-il .

Il se souvient qu’il est venu en France à l’âge de 11 ans en débarquant par le port de Marseille. Au moment des indépendances, son choix était de repartir en Afrique. Par ailleurs, outre la recherche d’un pays, il y a également ce jeune métis en quête de son père qui avait abandonné, en terre africaine, sa femme et son enfant aujourd'hui devenu adulte. Un double en quête de lui-même et de son hérédité.

En tant que romancier, dans ses écrits, transpire aujourd’hui l’inspiration permanente de son propre itinéraire à la recherche identitaire du jeune métis parti du Congo vers la France. La France où, curieusement, il a pris conscience qu’il était Africain. C’est de la France qu’il a décidé que sa vie devrait être liée au continent africain.

A l’égard de Maryse Condé venue assister à cette table ronde, Henri Lopes a rappelé qu’en dehors de l’Afrique, il se reconnaissait aussi dans sa seconde patrie, les Antilles, terre de sa première épouse, où il a ressenti un des catalyseurs de son métissage avoué et assumé.

L’auteur du livre "Il est déjà demain", paru l’an dernier chez J.C. Lattes, s’est donné à cœur ouvert aux questionnements et inspirations de l’ancien cadre africain. Des questionnements allant à la filiation, aux blessures ressenties, aux identités multiples jusqu’aux préférences de ses parents aux moments clefs de l’histoire de l’indépendance.

De tous questionnements, le "vieil homme" qu’il représente conseille de se référer à ses écrits où, semble-t-il, « on croit qu’on est encore hier dans l’interprétation du monde, hélas, on s’aperçoit qu’on est déjà demain ».

 

Marie-Alfred Ngoma, envoyé spécial à Genève

Légendes et crédits photo : 

Des participants à la Table ronde des chercheurs africains/DR

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