Opinion

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1992

Vendredi 16 Mai 2014 - 1:05

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Cette année-là marque une rupture dans l’évolution politique de notre pays. Le multipartisme succède au parti unique. L’élection présidentielle consacre ce changement par un scrutin démocratique. Le Congo est en marche pour la démocratie.

Ceux qui sont nés avec la démocratie avaient 17 ans lors de la dernière élection présidentielle en 2002. Ils n’ont pu voter. En 2016, ils en auront 22 et pourront donc accomplir leur devoir citoyen. Il n’est pas superflu de leur rappeler le contexte de 1992.

En 1992, Yhombi, Sassou-N’Guesso, Lissouba, Ganao, Kolélas, Thystère-Tchicaya, etc., tous ces grands noms de l’échiquier politique national depuis 1963 sont en lice pour l’élection présidentielle. Lissouba en sort vainqueur. Que s’est-il passé ? Le président en exercice, comme le veut l’usage en ce domaine, est le premier informé des résultats par le ministre de l’Intérieur. Denis Sassou-N’Guesso ordonne leur publication. « Vous avez perdu, monsieur le président », fait observer Alphonse Nzoungou, ministre de l’Intérieur à l’époque. « Je le sais, mais publiez », réplique le président de la République. Ce qui fut fait. Beau geste de fair-play politique et croche-pied à ceux qui s’attendaient à ce que Sassou-N’Guesso s’accroche au pouvoir

Le nouveau président intronisé, la République poursuivit son cours, dorénavant erratique et violent. On bascula dans la guerre le 5 juin 1995. À la fin de celle-ci, en octobre de la même année, le peuple salua le retour au pouvoir de Denis Sassou-N’Guesso, contraint de quitter le pouvoir quelques années plus tôt. La période postconflit est laborieuse, marquée par la défiance de l’opinion internationale. Le Congo réussit la gageure de sortir de l’anomie par son génie propre. Cette opinion internationale oublie que la démocratie, dont elle se réclame, est à la recherche d’un second souffle. Elle ne saurait nous servir ni de modèle ni de référence, en ce début du xxie siècle, dans notre propre recherche d’une praxis démocratique.

Et, si le président décidait, pour une raison ou une autre, de quitter le pouvoir en 2016, comme en 1992 ? Que feront ceux qui exigent le changement de constitution ou ceux qui en contestent la nécessité ; les uns et les autres, versatiles et incohérents, dopés par la « lutte des places » ? Leurs arguments témoignent d’un affaissement de l’intelligence.

En 1991, Sassou Nguesso accepta la tenue de la Conférence nationale souveraine. Il quitta le pouvoir à l’issue du scrutin présidentiel de 1992. Par ces faits d’armes historiques avérés, l’actuel président jouit, incontestablement, d’un préjugé favorable et d’une crédibilité qui lui donnent la capacité de changer la constitution et favoriser l’entrée du pays dans cette nouvelle gouvernance républicaine souhaitée, comme il l’avait aidé à entrer en démocratie ; sans a priori, du reste, sur ce qu’il fera ou ne fera pas en ce qui concerne son avenir personnel. C’est l’homme de la situation, celui par qui le changement institutionnel est possible.

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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