40e Marché de la poésie: à nouveaux poètes, mots nouveaux

Lundi 12 Juin 2023 - 13:04

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Marché de la poésie s’est installé à nouveau sur la place Saint-Sulpice à Paris pour accueillir, comme chaque année, près de 500 éditeurs et revues, plusieurs milliers de lecteurs. Gabriel Mwéné Okoundji est parmi les intervenants.

40e Marché de la poésie, participation de Gabriel Mwéné OkoundjiLe poète congolais, Gabriel Mwéné Okoundji, sous l’œil bien veillant de son compatriote et écrivain Emmanuel Dongala, a signé sa participation par la table ronde "États généraux, le son du poème" du 8 juin.

Lors de cette table ronde sous la Scène/Chapiteau du Marché, Gabriel Mwéné Okoundji, Hortense Raynal et Éric Sarner, avec Didier Cahen dans le rôle de modérateur, ont permis à l’assistance des échanges interactifs.

Au demeurant, pour les organisateurs, l’objectif du thème polymorphe de cette table ronde était d’ouvrir amplement l’espace définitionnel. S’il est une question que les différentes générations de poètes apprécient avec de grandes différences, c’est sûrement celle du son du poème.

En effet, constatent-ils, quel(s) sens donner au terme son, d’emblée pluriel, ouvrant de multiples approches, de nombreux champs d’analyse, de tensions, voire de contradictions ?

Au premier chef, cela semble évident, la question du sonore se pose mais, dans la complexe histoire du poème et de la voix, de l’oralité de la poésie, comment aborder cette relation intime du texte et de son adresse vocale, de son partage vociféré, porté par une voix, avec un lecteur métamorphosé en auditeur ?

Puis, quel que soit le silence dans lequel le poème s’écrit et se donne à lire, l’écho intime de sa langue participe d’une sonorité singulière, d’une plastique sonore de l’écriture en écho immédiat dans l’écoute intériorisée de sa lectrice, de son lecteur. Le poème s’entend, à chaque fois, identique et différent pour chacun. La lecture silencieuse est bruyante. Ainsi, tout poème serait-il sonore ?

Bel exercice d’explication de texte de la part de ces trois poètes qui se sont prononcés à propos de l'assonance, sa répétition, l’instauration des échos entre les mots et, par là - même, l’installation des correspondances de sens entre eux, la combinaison à l'allitération, puis la création d’une musique à partir des vers en mettant en évidence une unité de sons. Au-delà du son poétique, comment on arrive jusqu’aux cris.

Et de ces sons, comment ils s’amplifient de nos jours avec l’arrivée du numérique.

Pour sa parole poétique à cette table ronde, Gabriel Mwéné Okoundji, le grand poète natif du Congo et Aquitain de cœur, homme-fleuve, a puisé dans sa culture d'origine que dominent deux figures tutélaires, celles d'Ampili et de Pampou, passeurs de la parole essentielle.

Il a expliqué que les philosophes sont nés de la poésie orale. De sa société dite orale, le chant du poète ne peut pas se dire que par l’oralité. « L’oralité est le seul moyen qu’on a, nous humains, pour transmettre à l’autre le chemin de sa vie », a-t-il laissé entendre. Qui dit oralité, référence à la bouche : « C’est de la bouche à l’oreille que l’on peut prétendre entendre ce qui fait de l’homme un homme » , a ajouté le poète.

De celle-ci, surgit la parole essentielle qui s’appelle liloba / littéralement en lingala, le son, le rythme, le murmure, la lumière. Autant de paroles permettant à apprendre à l’autre d’être debout malgré les dénivellations de l’existence, les dénivellations de la terre.

« L’oralité c’est toute parole qui a du sens dans cette part de transmission qui s’appelle le dire », a-t-il soutenu.

Et le dire, c’est la part du son.40e Marché de la poésie, l’écrivain Emmanuel Dongala à droite de la photo et le poète Gabriel Mwéné Okoundji

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

1- Gabriel Mwéné Okoundji participant au 40e Marché de la poésie 2- Le poète Gabriel Mwéné Okoundji et l’écrivain Emmanuel Dongala/ Marché de la poésie

Notification: 

Non