Affaire Honoré Kapuku Mushila : les ONG exigent des poursuites et réparations au bénéfice du DDHMardi 12 Août 2014 - 18:51 Les organisations qui ont, par ailleurs, salué sa libération et celle de sept de ses codétenus responsabilisent l’État congolais sur tout ce qui arriverait à ce membre du staff de la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV) suite à cet enlèvement et cette détention. Les ONG de défense des droits de l’Homme ont, dans une déclaration faite le 12 août au siège de la VSV, pris acte de la libération, par l’Agence nationale de renseignement (ANR), du défenseur des droits de l’Homme (DDH) Honoré Kapuku Mushila et de sept de ses codétenus. Mais, loin de se satisfaire de cet élargissement, ces organisations ont recommandé la mise à la disposition de la justice pour poursuites de tous les agents et cadres de ce service impliqués dans l’enlèvement et la détention illégale du DDH Honoré Kapuku et de ses codétenus. Ces associations ont également exigé la réparation de tous les préjudices subis par le DDH, ainsi que la fermeture de tous les cachots et autres lieux de détention parallèles ne dépendant pas des parquets, alors qu’elles ont appelé l’ANR au strict respect des droits reconnus aux détenus, conformément aux règles minima des Nations unies en matière de détention. Cette conférence de presse a permis à ces ONG de dénoncer les mauvaises conditions de détention dans les cachots de ce service de renseignements. Cette dénonciation a été soutenue par les témoignages du DDH Honoré Kapuku, qui a passé près de deux semaines dans les geôles de ce service, à l’ex-UZB, à Gombe. Respect des droits de l’Homme Les ONG ont déploré le fait que ce service excelle dans les violations des droits des détenus, en particulier et des droits humains en général. Elles ont notamment mis en sa charge la persistance des interpellations, arrestations arbitraires et détentions illégales ainsi que d’autres enlèvements à des heures indues et de détentions prolongées des personnes sans que le motif de leur privation de liberté ne soit porté ni à leur connaissance, ni à celle de leurs avocats et moins encore à celle des DDH. « Au lendemain de notre enlèvement, l’ordre a été donné pour notre libération, étant donné qu’aucune charge n’a été retenue contre nous mais le matin au lieu de nous libérer, c’est des soupçons faisant de nous les assaillants du camp Tshatshi qui ont été avancées », a expliqué Honoré Kapuku. À l’en croire, se laver, manger voire changer les habits constituent des problèmes pour des personnes détenues par ces services, qui sont en surnombre dans des locaux qui servent des cachots et où l’on est obligé de passer la nuit à même le sol. « Les détenus vivent dans des conditions très difficile. On a, par exemple, été obligé de s’entasser à dix-huit dans une cellule de sept mètres sur cinq », a-t-il avoué. Honoré Kapuku, qui est membre du staff de la VSV et ses autres codétenus ont été enlevés dans la nuit du 2 au 3 août, peu avent trois heures, au Laboratoire universel des guérisons spirituelles [Ndlr : Centre Ébale Mbonge], dans la commune de Ngaliema, par des hommes armés en civil et en tenue de la police militaire. Ces derniers ont, selon les témoignages d’Honoré Kapuku, escaladé le mur et braqué leurs armes sur les occupants du lieu parmi lesquels les responsables du centre dont le DDH et les patients. Après avoir identifié tous les hommes par leurs pièces d’identité, y compris la personne recherchée, cette expédition a décidé d’embarquer tout le monde pour une destination qui n’a été connue qu’après des recherches des ONGDH. « J’ai tenté, en tant que responsable du centre en ce moment là, de savoir où on nous amenait mais personne n’a voulu répondre à cette question », a expliqué Honoré Kapuku dont le physique accuse une faiblesse due à cette détention. Pour les ONGDH, cette affaire leur donne de la matière afin d’argumenter leurs plaidoyers sur les conditions de détention en RDC. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Photo 1: Honoré Kapuku, Fernandez Murhola, Henri-Christian Longendja (lisant la déclaration des ONG), Jean Keba et Dolly Ibefo/Photo Adiac
Photo 2: Honoré Kapuku, témoignant sur ses conditions de détention/Photo Adiac
Photo 3: les DDH, suivant l'exposé d'Honoré Kapuku/Photo Adiac |