Agriculture: Les eurodéputés opposés à la réplique du modèle agricole européen en Afrique

Jeudi 9 Juin 2016 - 14:23

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Dans un rapport, les eurodéputés appellent à un changement radical et s’opposent à l’agriculture intensive en Afrique. Pourquoi ?

La rapporteuse Maria Helbuch, s’appuie sur l’erreur de l’agriculture intensive en Europe. Elle appelle à ne pas « la reproduire en Afrique », car c’est un « modèle qui détruit l’agriculture familiale et réduit la biodiversité ». Le rapport milite en faveur d’un « changement radical de cap pour la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) louable » : sortir plus de 50 millions de personnes dans 10 pays d’Afrique de la pauvreté  d’ici 2022, en dynamisant les investissements dans le secteur agricole.

Ceci contre la mise en place de réformes politiques sur l’accès au foncier, l’utilisation de semences certifiées (hybrides, OGM)  ou sur la fiscalité facilitant les investissements privés dans le secteur agricole. Les eurodéputés pensent que ces réformes favorisent les grands groupes au détriment de petits agriculteurs, représentant 70% de la production agricole dans le monde. Aisha Dowell, de Global Justice Now indique que la NASAN facilite la mainmise des grandes entreprises agricoles sur les systèmes alimentaires dans certains pays africains.

Dans le cadre du partenariat public-privé, les eurodéputés appellent à l’arrêt du soutien aux OGM. A en croire les eurodéputés, la NASAN demande aux pays partenaires « de soutenir la distribution, l’adoption et la consommation de variétés agricoles biofortifiées ».  Ils appellent les pays du G7 « à ne pas soutenir les semences génétiquement modifiées en Afrique ». A ce jour, trois pays africains: l’Afrique du Sud, le Burkina Faso et le Soudan autorisent officiellement la culture et la commercialisation d’OGM. Plusieurs pays de la Nouvelle Alliance tels que le Ghana, le Malawi et le Nigeria ont lancé des essais en champs. Le Nigeria étant même en processus de changement législatif.

Les eurodéputés pointent aussi le risque d’accaparement des terres, et la privatisation des semences. Or 90% des agricultures  africains vivent de leurs semences, ce qui leur permet une certaine indépendance vis-à-vis du secteur semencier commercial. Or la NASAN demandent le changement de législation dans certains pays africains. Ce qui obligerait les paysans africains à renoncer à l’échange et à la vente de leurs semences, donc « à une partie fondamentale de leurs revenus ».

Ce rapport est la première prise de position officielle d’une grande institution. Il appelle l’Union européenne à « remédier à toutes les lacunes de la NASAN ». L’agriculture familiale représente 80% de la production alimentaire et 60% des emplois en Afrique subsaharienne. 

 

 

Noël Ndong

Notification: 

Non