Allocution de M. Jean-Marie Dedeyan, vice-président de la Fondation Charles-de-Gaulle, prononcée devant la statue du général érigée sur les Champs-Élysées, 18 juin 2023Lundi 19 Juin 2023 - 18:47 En ce 18 juin 2023, en France et un peu partout dans le monde, notamment en Afrique mais aussi dans d’autres régions ultra-marines, des hommes et des femmes se réunissent pour honorer le souvenir de l’Appel lancé courageusement de Londres par le général de Gaulle, le 18 juin 1940. Un appel historique au rassemblement contre le défaitisme et l’asservissement. A l’hommage au général de Gaulle qui nous réunit 83 ans plus tard, nous associons les hommes et les femmes qui l’ont rejoint, ceux qui ont combattu à ses côtés comme ceux de l’armée des ombres, résistants et résistantes dans la France occupée, dont le courage et l’obstination furent décisifs dans la longue épreuve à laquelle notre nation a été confrontée. Rendant hommage au courage des résistants, le président de la République vient d’ailleurs d’annoncer la prochaine entrée au Panthéon de Missak Manoukian dont l’héroisme mérite notre reconnaissance Il convient d’associer aussi à notre souvenir les valeureux combattants des pays de l’ex-Afrique équatoriale française, Tchad, Cameroun, Gabon, l’Oubangui-Chari devenu République centrafricaine et, tout particulièrement, le Congo, dont le ralliement à la France libre dès le mois d’août 1940 a été essentiel pendant les dures années de combat pour la libération de notre pays et dont la capitale Brazzaville a été la capitale administrative de la France libre dès octobre 1940. C’est également à Brazzaville que le général de Gaulle réunit, du 30 janvier au 8 février 1944, la Conférence de Brazzaville. Il y prononce un discours dans lequel, évoquant les relations entre la France et les colonies africaines après la seconde guerre mondiale, il mentionne pour la première fois la perspective d’une émancipation des peuples africains, prélude à l’indépendance et à l’engagement de la France dans la voie de relations nouvelles et d’une coopération résolue avec l’Afrique. Le Gaullisme, chacun le sait, c’est d’abord une histoire. L’histoire d’un homme et de ses compagnons qui refusent la défaite, s’opposent au renoncement du régime de Vichy et décident de combattre pour défendre une certaine idée de la France forgée par des siècles d’histoire, une conception de la souveraineté, un refus de l’asservissement et une volonté farouche de permettre au peuple français de continuer librement à écrire sa propre histoire au lieu de la laisser écrire par d’autres. Le Gaullisme n’est ni une religion ni une doctrine. C’est une conception murie et pragmatique de l’action, dans le souci constant de l’intérêt supérieur du Pays. Cette approche repose à la fois sur des réalités historiques, culturelles, démographiques et géographiques, sur des valeurs philosophiques, sur une prise en compte réfléchie des circonstances et des réalités, et sur une capacité d’application dont les principes demeurent, mais dont la traduction opérationnelle est fonction des circonstances. A un moment où le monde fait face à un conflit préoccupant aux frontières de l’Europe, à des mutations qui interrogent, interpellent et fragilisent les équilibres, à des rivalités génératrices de tensions préoccupantes, à des défis technologiques source d’enjeux nouveaux de souveraineté, la pensée du général de Gaulle, son pragmatisme face aux situations les plus difficiles et à des acteurs imprévisibles, constituent, n’en doutons pas, une source d’inspiration pour tous ceux qui entendent demeurer fiers de leur pays. Oui, à l’évidence le monde est en train de changer. La crainte est à la fois identitaire, culturelle, sociale est territoriale. Et lorsque la crainte se transforme en angoisse, la guerre est une tentation dans plusieurs régions du monde. Dès lors, pour ne pas y succomber, il faut consentir à l’effort. Oui, la paix est faite d’efforts et ces efforts nécessitent courage, persévérance, force de ne pas céder aux instincts de confrontation belliqueuse, et acceptation de tempéraments, de cultures et d’intérêts qui ne sont pas toujours compatibles mais dont il faut rechercher la complémentarité dans le dialogue pour ne pas céder à la tentation d’un affrontement destructeur. Et si les déséquilibres actuels sont porteurs de risques, ils sont aussi porteurs d’opportunités qu’il nous faut bien cerner pour les ajuster à notre vision de l’avenir afin de déterminer des objectifs et des actes permettant à la France de demeurer un pays, respecté et écouté, capable d’être pour les générations actuelles et les générations futures une ambition forte et partagée, à la hauteur de son histoire, de son rang et de son destin. De Gaulle n’a jamais cessé de combattre le populisme et le racisme, de promouvoir la solidarité nationale, de conjuguer liberté économique et progrès social, d’encourager la participation, de rechercher l’intérêt de la France dans le constant souci de son indépendance et de sa position en Europe et sur la scène internationale. L’homme du 18 juin a su inciter les Françaises et les Français à s’émanciper des circonstances et des contraintes pour résister et dépasser les situations accablantes. N’en déplaise à ses détracteurs, le nom, la pensée, l’action, la personnalité du général de Gaulle doivent continuer à servir d’exemple aux plus jeunes, quelle que soit leur origine. Votre présence ici le montre, l’histoire forge les hommes et pour que la France demeure un grand pays, il faut non seulement développer l’enseignement de l’histoire du XXe siècle vers les jeunes mais aussi, comme vient de le souligner Mme d’Hauteserre, maire du 8e arrondissement de Paris et organisatrice de cette cérémonie, susciter chez les générations présentes et futures une ambition forte et partagée… Car, nul ne peut en douter, c’est aux générations qui nous suivent qu’il appartiendra d’œuvrer à leur tour pour l’avenir de notre Pays en continuant à inscrire son développement, ses espérances et l’épanouissement de ses enfants dans la longue histoire qui, au fil des siècles, a façonné sa grandeur et son rayonnement. Etre gaulliste aujourd’hui, ce n’est donc pas être nostalgique. C’est, au contraire, agir sans renoncer pour maintenir vivante et transmettre une certaine idée de la France, de l’Etat, de la Nation, de la République et du bien public, afin d’éclairer et d’élever non seulement la pensée mais aussi l’action future des jeunes générations face aux réalités et aux défis du XXIe siècle.
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