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Antoine Letembet Ambily

Jeudi 9 Octobre 2014 - 20:43

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Le 13 octobre 2013 disparaissait Antoine Letembet Ambily, à l’âge de 74 ans. Antoine Letembet Ambily est l’homme de L’Europe inculpée, sa pièce de théâtre qui remporta en 1969, le Grand prix du concours théâtral interafricain organisé par l’Ortf (Office de radiodiffusion et de télévision française) ; une présentation « métaphorique » de l’histoire de l’Europe et de l’Afrique. Outre cette pièce, La femme infidèle (Brazzaville, Imprimerie nationale du Congo, 1973), Les Aryens (Yaoundé, Editions Clé), La Mort de Barthélémy Boganda, (Kinshasa, Imprimerie du zaïre) sont ses principales publications. Il a fourbi ses armes d’écrivain au sein de la revue Liaison, dont Lomami Tchibamba, son rédacteur en chef, disait :

«Liaison doit être un lieu de bonne volonté, où se rencontrent ceux qui veulent, dans un dialogue constructif, créer au climat de compréhension mutuelle. Aujourd’hui, ajoutait-il, plus que jamais il nous faut cette liaison des cœurs, des esprits, des efforts. C’est l’état d’esprit qu’il importe de réformer. 

« Si, dans les domaines sociaux, économiques et politiques, la France a fait faire à ses sujets d’outre-mer des progrès rapides vers la pleine jouissance des droits des citoyens, personnes ne niera l’urgente nécessité d’encourager les Noirs à disposer d’au moins un organe d’expression, que leur soit laissée la charge d’expérimenter les risques et l’exaltation que comporte sa responsabilité de diriger une presse. »

« Comment, ajoutait-il, arriver à une juste notion de nos obligations civiques, si cet instrument par excellence de prise de conscience qu’est la presse est négligé ou considéré comme une activité mineure et sans portée ? Comment arriver à la maturité du jugement, à l’expression équilibrée de l’opinion publique, à la proposition d’une idée génératrice de progrès social, à la saine orientation de la mentalité du peuple sans l’exercice constant de l’esprit ? ». C’est dans ce creuset de prise de conscience de la nécessaire émancipation des Noirs que Letembet-Ambily raffermit ses convictions politiques et patriotiques.

Antoine Letembet-Ambily, outre l’intellectuel raffiné, à la sagacité était unanimement reconnue, est aussi un homme politique de conviction, doté d’un sens élevé du patriotisme et de l’unité nationale. Ancien militant de la Sfio (Section française de l’Internationale socialiste) et du Msa (Mouvement socialiste africain) de Jacques Opangault, Letembet-Ambily entre ensuite au cabinet du président Fulbert Youlou, au moment de l’indépendance du Congo.

Pendant les journées des 13, 14 et 15 août 1963, par devoir de fidélité, il reste auprès du président déchu. Il est  emprisonné avec celui-ci, en compagnie de Jacques Opangault et Okabando. De 1984 à 1989, il est député à l’Assemblée nationale populaire. Il exerce ensuite  les fonctions de conseiller culturel à Paris puis à Bonn. En 1989, à la création du Mcddi (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) de Bernard Kolélas, il est  nommé secrétaire général de ce nouveau parti. En 1991, Letembet-Ambily est élu en qualité de vice-président de la Conférence souveraine nationale. Il fait, en 1991, son entrée dans le gouvernement de transition, dirigé par André Milongo, jusqu’en 1992. De cette date au déclenchement de la guerre dite du  5 juin 1997, il est conseiller municipal et sénateur. Pour mémoire, il faut rappeler que Letembet-Ambily est né en 1929 à Otségné. Il a fait ses études au Petit séminaire de Mbamou. Au lieu de la prêtrise, il s’oriente vers l’enseignement. Professeur d’université retraité, il était, jusqu’à sa mort,  très actif dans différentes structures de la société civile.

Letembet-Ambily a été inhumé lundi 23 octobre 2003 au cimetière du centre-ville, après des obsèques nationales.

 

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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