Art : bain de jouvence pour les instruments traditionnels

Vendredi 14 Avril 2023 - 13:57

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De l’acoustique à l’électro-acoustique, de la tribu à la ville, d’hier à aujourd'hui, Abia Makita amplifie ses ambitions pour mettre les instruments traditionnels au goût du jour.

 

 

La culture congolaise ne saurait se passer de ses racines et de ses musiques traditionnelles ancrées profondément dans son patrimoine immatériel.  Si les ethnies et les tribus congolaises se particularisent par leur musique pour véhiculer leurs coutumes et leur culture, on constate malgré tout que cette musique reste noyée trop souvent sous le flot des musiques modernes. Passons. Au cœur d’un village, on peut facilement chanter et danser sur des sonorités par nature acoustiques mais, quittant la brousse, certains instruments de musique traditionnelle peinent à se faire entendre à la ville et sur la scène.  C’est ainsi qu’a germé chez Abia Makita l’idée d’amplifier ces instruments qui rythment de façon ancestrale la musique africaine d’hier et plus difficilement celle d’aujourd’hui.   « Déjà en 2015, lors des Jeux africains au stade de Kintélé, j’avais expérimenté un procédé à base de cellules placées différemment sur différents tambours avec une réception du signal sur module HF sans fil pour que ces instruments, ayant des fréquences sonores différentes, puissent être traités individuellement sur la table de mixage », raconte Abia pour qui le son est son royaume.

Artiste, ingénieur du son, luthier, électronicien, Abia Makita est, en effet, un magicien naviguant entre bois et métal ; bois pour la lutherie, métal  pour son goût prononcé du hard rock. Cet homme, pour le moins ingénieux,  travaille actuellement à l’amplification de tous les instruments traditionnels de la célèbre association Vocal Bantou. Et Abia de poursuivre : «  J’ai cette expérience et ce savoir-faire. C’est un travail de précision pour trouver le son parfait sur certains instruments utilisés par les autochtones, comme celui où les notes sont jouées entre la bouche et une boîte sur laquelle je pose un microphone piezo destiné à recevoir les vibrations d’une liane frappée par un petit bâton ». 

Entre les mains de ce passionné, kora, sanza, calebasse, ngomfi et autres instruments typiques se succèdent. «  Avec mes propres composants, je modifie moi même les cellules piezo pour qu’elles soient adaptées correctement à chaque instrument comme on le ferait pour une batterie électronique. Parfois, il m’est nécessaire d’ajouter un mini compresseur pour équilibrer les fréquences et leur niveau de sortie », précise-t-il encore.

Fabricant de guitares, de basses, d’amplificateurs, de pédales d’effets en tous genres,  Abia Makita offre ainsi comme un bain de jouvence aux instruments traditionnels pour les faire entendre confortablement à la scène.  C’est une jolie façon de les faire perdurer dans notre XXIe siècle lorsque l’on sait que le musicologue et professeur allemand, Heinrich Husmann, considérait le Congo comme étant la région la plus riche du monde dans son système musical traditionnel.

 

 

 

 

Philippe Edourad

Légendes et crédits photo : 

1-La sanza / DR 2- Abia Makita/DR

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