Artisanat : Loukelamio Armel, le vannier de l’assainissement

Vendredi 14 Février 2025 - 12:58

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Enfants et adultes ne passent pas devant son atelier à l'air libre sans prendre le temps d'admirer ses œuvres. Philippe Armel Loukelamio Diakessi, plus connu sous le nom de King, a su séduire son entourage par sa simplicité, mais aussi par l'originalité de ses créations qui sont de plus en plus sollicitées.

Les œuvres entièrement vertes  de Philippe Armel Loukelamio Diakessi donnent d'emblée le ton. "Je veux attirer l'attention sur les déchets plastiques et leurs effets sur l'environnement. Je donne donc la primeur à cette matière tout en insistant sur la nécessité de s'en débarrasser, en la transformant en œuvre d’art », explique King qui travaille avec des résidus du plastique pour dire halte à la dégradation de l'environnement.

Il ramasse, recycle et confectionne des objets d'art utiles au quotidien tels que les paniers, les pots de fleurs et autres pépites avec toujours cette vision d'un avenir plus vert. Ainsi, ses créations sont somme toute un engagement en faveur de la durabilité et la responsabilisation des communautés. "Brazza la verte est devenue Brazza la poubelle. Devant ce spectacle désolant, il me fallait agir, et j'ai pensé recycler les matières plastiques qui tapissent nos marchés, nos poubelles, bref, notre environnement », ajoute sle King, plus connu dans son quartier grâce à son travail. "

Ciseaux, agrafes, règles, sécateurs, couteau, colle et parfois gants, il procède au découpage, au pliage et au rassemblage selon la forme qu'il veut donner à son œuvre. Un travail qui peut prendre toute une journée car l'ajustement nécessite précision et dextérité pour harmoniser l'œuvre finale. L'artiste s'est implanté sous arbre, près de l'église protestante de Mfilou.

Plateaux, paniers, fleurs simples, pots de fleurs sont exposés pour le bonheur des passants qui n'hésitent pas à venir contempler son travail. Et même si beaucoup ne payent pas, cela suffit amplement à l'artiste qui veut attirer l'attention. "Ce sont ces derniers qui relaient l'information. J'ai des personnes qui viennent acheter parce qu'elles ont entendu parler de moi. Aujourd'hui, j'ai pu fidéliser une clientèle, notamment les expatriés qui achètent pour aller offrir à leurs proches quand ils voyagent ", indique King.

Un travail qui lui procure du plaisir même s'il reste contraignant, notamment lors de la collecte des déchets." Je commence par le ramassage des déchets plastiques (qu’il faut nettoyer) dans les marchés, les poubelles, puis je passe au triage. C’est seulement après ces étapes que je commence le travail de découpage ou de tissage", précise-t-il.

Autodidacte, King travaille selon que son imagination l'oriente. Il conçoit et rend réel l'objet d'art. "Ce n'est pas toujours évident de donner forme à certains objets, car cela nécessite calculs et réflexions pour bien ajuster l'œuvre. Mais c(est cela aussi le défi", dit l'artiste.

Il déplore l'attitude des clients qui aiment débattre sur le prix et ne prennent pas en compte le travail artistique autour. " Ce sont des interminables heures de travail, mais le client ne le voit pas toujours", poursuit King, complétant: "Les prix varient en fonction de la taille, du travail effectué, du dessin exécuté". Grâce à sa constance, l'artiste a désormais une clientèle fidèle. " J'aime particulièrement les fleurs car elles sont flexibles, et faciles au nettoyage" complimente Solange, une cliente. Même engouement pour Darel qui ajoute: " C'est une belle initiative car, c'est grâce à lui que notre secteur est devenu propre vu qu'il récupère les bouteilles, les boîtes, les fils en matière plastique pour les transformer en œuvre d'art ».

Détenteur d'un baccalauréat en 2019,  Philippe Armel Loukelamio Diakessi a vu ses rêves s'évanouir en 2020 avec le confinement suite au covid 19. " Il y a eu tout un chamboulement dans ma vie, et l'année suivante, il m'a fallu faire des choix entre à la Faculté et entreprendre.  Et comme j'avais des bases en anglais, j'ai commencé à dispenser des cours dans des écoles privées. Puis j'ai fait la mécanique avant de plonger dans l'art, qui est devenu une véritable passion", révèle l'artiste, plein d'espoir et heureux de participer à l'assainissement de la ville à sa manière.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Philippe Armel Loukelamio Diakessi/ DR

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