Burundi : des ONG réclament des sanctions ciblées de l’ONU contre le pouvoirJeudi 9 Mars 2017 - 12:27 Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni jeudi pour discuter de la crise burundaise. Prélude à cette rencontre, dix-neuf ONG internationales et locales l’ont exhorté à prendre des « sanctions ciblées » contre les responsables de violations des droits humains dans ce pays. « De telles mesures, notamment des interdictions de voyage et le gel des avoirs, enverraient un message fort aux dirigeants burundais ayant été peu inquiétés pour avoir continué de perpétrer de violents abus contre leur propre population », ont affirmé ces ONG dans une lettre rendue publique mercredi. Parmi les ONG signataires de ce courrier figurent Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et Reporters sans frontières (RSF). Elles ont dénoncé « l’isolement croissant du pays », lequel se coupe de plus en plus de l’ONU. Ces organisations ont dénoncé également la police et des membres des Imbonerakure - la ligue des jeunes du parti au pouvoir que l’ONU qualifie de milice -, qui continuent de « commettre des abus en toute impunité ». « Certains membres des Imbonerakure ont tué, torturé, violé et battu sévèrement un grand nombre de personnes à travers le pays », ont-elles souligné. Les ONG se sont adressées particulièrement à l’ONU parce que seuls les États-Unis et l’Union européenne ont déjà pris des sanctions ciblées contre des responsables du régime burundais, mais les Nations unies ne l’ont pas encore fait parce que confrontées aux réticences de la Chine et de la Russie, deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Pour ces organisations, les sanctions ciblées doivent être prises contre Bujumbura parce que ses autorités « ont perpétué leur politique plus large de répression contre les opposants suspectés, la société civile indépendante et les médias, et ont délibérément entravé la capacité de documentation (par l’ONU) des violations des droits humains ». A ce sujet, un rapport de l’ONU rendu public le 20 septembre accusait déjà le gouvernement burundais d’être responsable de graves violations des droits de l’Homme et avait mis en garde contre de possibles « crimes contre l’humanité » et un « grand danger de génocide ». Réagissant au sujet de la situation qui prévaut au Burundi, le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a à nouveau dénoncé les risques d’«atrocités de masse » dans ce pays et appelé le Conseil de sécurité à prendre des « mesures énergiques », dans une lettre à ses membres parvenue mercredi. Le Burundi est plongé dans une crise violente qui, selon l’ONU, a fait plus de 500 morts et jusqu’à près de 2.000 pour les ONG, et poussé près de 400.000 Burundais à l’exil. Cette crise a été déclenchée par l’annonce en avril 2015 de la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet de la même année.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |