Burundi : reprise des pourparlers de paix en OugandaLundi 28 Décembre 2015 - 11:15 Les protagonistes de la crise burundaise se sont retrouvés le lundi 28 décembre à Entebbe, près de Kampala, la capitale, pour tenter de trouver une solution durable à la situation qui prévaut dans leur pays. Ces négociations sont placées sous l’égide du président ougandais, Yoweri Museveni, médiateur dans cette crise. Les discussions qui se sont déroulées à huis clos ont connu la participation de près d’une centaine de personnes. Il s’agit notamment d’une délégation gouvernementale, des membres de l’opposition et des représentants de la société civile du Burundi. Malgré les bonnes volontés exprimées par toutes les parties en vue de la réussite de ces pourparlers, ces discussions s’annonçaient tout de même difficiles. Le ministre burundais des Relations extérieures, Alain Aimé Nyamitwe, a néanmoins posé des conditions sur la participation du gouvernement à cette rencontre. « D’abord, il s’agit du dialogue, pas de négociations. Deuxièmement, pour nous, nous avons clairement indiqué au facilitateur que nous n’allons pas cautionner, ni légitimer, les putschistes, ni le mouvement putschiste », a-t-il déclaré. Quant à l’opposant Charles Nditije, il a souhaité que la médiation sache avant toute chose que Pierre Nkurunziza est à l’origine de la crise dans son pays. « Il est important et nous soulignons cela, surtout vis-à-vis de la médiation, le pouvoir de facto de Nkurunziza, il est partie prenante au conflit. Il n’a pas à imposer la méthodologie parce qu’il est le mal absolu. Toutes ces victimes, ces assassinats, ces enlèvements, c’est de la faute du troisième mandat », a indiqué Charles Nditije. Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis l’annonce fin avril de la candidature de l’actuel président Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat à la tête du pays. L’opposition et la société civile jugaient cette candidature contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile en 2006. Malgré des marches de protestation organisées, Pierre Nkurunziza a été réélu en juillet, lors d’un scrutin présidentiel boycotté par l’opposition. L’UA a annoncé récemment l’envoi d’une mission de 5000 hommes au Burundi, pour stopper les violences, mais cette force africaine a été récusée par le gouvernement burundais. La situation reste tendue dans le pays puisque le lieutenant-colonel Edouard Nshimirimana a proclamé mercredi la naissance d’une nouvelle rébellion, les Forces républicaines du Burundi (Forebu). Cette rébellion comprend, d’après cet ancien officier supérieur de l’armée burundaise, des groupes dont l’objectif est de « chasser » le président Pierre Nkurunziza du pouvoir. La semaine dernière, l’ONG de défense des droits de l’Homme, SOS-Torture Burundi a présenté un rapport accablant sur la violation des droits humains dans ce pays. Dans cette étude, l’ONG confirme la violation de ces droits notamment « la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et les exécutions sommaires perpétrées par le régime de Bujumbura. « Une centaine de personnes ont été tuées dans la journée du 11 décembre et celle du 12 décembre 2015 principalement dans les zones de Musaga, Nyakabiga, Jabe, Cibitoke et Mutakura », relève SOS Torture dans ce rapport. « Ces cas répertoriés sont des exécutions menées par les forces de sécurité de l’Etat dont la police et des militaires » précise le texte, ajoutant que ces répressions ont été opérées contre des opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Les auteurs du rapport indiquent que ces attaques « sont consécutives à des attaques simultanées menées par un groupe armé qui n’a pas été identifié et qui n’a également pas revendiqué ces attaques dans 4 camps militaires ». « L’opération de ratissage de la police les a menés dans plusieurs ménages où ils procédaient à plusieurs arrestations de jeunes hommes, souligne-t-on. Les habitants témoignent avoir vu des scènes atroces où des jeunes gens se faisaient ligoter avant d’être exécutés par balle ». Le rapport fait également état des « arrestations arbitraires à Burambi au sud du pays ». La publication de l’étude de l’ONG burundaise de défense des droits de l’Homme est intervenue après que Bujumbura avait récusé l’envoi d’une force de l’Union africaine. Cette mission de l’UA serait chargée d’éviter « la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays, de contribuer à la protection des populations civiles en danger » et d’aider à créer les « conditions nécessaires » à la réussite d’un dialogue inter-burundais. Nestor N'Gampoula Notification:Non |