Chan 2014 : la Libye bat le Ghana à l'issue d'une finale verrouillée

Dans un Cape Town Stadium aux deux-tiers vide (17 000 spectateurs pour une capacité de 55 000 places) et devant un parterre de prestigieux convives, dont Sepp Blatter et Issa Hayatou, les présidents de la Fifa et de la CAF, les Libyens ont essayé de créer le jeu pendant un bon quart d’heure, se créant d’ailleurs quelques bribes d’occasions. Mais pour jouer, il faut être deux, et le Ghana, par son attentisme et son refus du pressing, a refusé l’échange. Face au 3-5-2 prudent des Libyens, les Black Stars opposent un 4-4-2 timoré.

Résultat : plus rien de notable jusqu’à la pause, en dehors d’une intervention d’Adams sur un bon centre d’Al Maghasi (12^e) et d’une frappe contrée de Saka (30^e). Après la pause, le match perd encore en intensité, les deux équipes commençant probablement à ressentir la fatigue de leur demi-finale respective. Par moment, l’un des acteurs tire le téléspectateur de sa torpeur (tir d’Attobrah à la 60^e, Elgadi à la 69^e), sans pour autant lancer, enfin, le match.

Les prolongations se dérouleront sur un rythme similaire, en dehors d’une tête hors cadre d’Abushnaf sur un bon centre d’Elhouni (93^e), puis d’une frappe écrasée de Latif au ras du poteau (106^e). Quelques minutes plus tard, on pense alors que le supplice touche à sa fin, mais Adams s’interpose brillement sur la tête à bout portant, pas assez appuyée, d'Omar.

Pour la troisième fois de la compétition, la Libye en arrivait aux tirs au but pour faire la décision, alors que les Black Stars y avaient également eu recours en demi-finale. En état de grâce depuis le début du Chan, les deux gardiens vont faire des étincelles : Abdaula excelle en stoppant les tentatives d’Akuffu et d’Ainooson. Alors que les Libyens mènent par trois tirs au but à rien, c’est Adams qui revêt la cape de super-héros : il met en échec Elgadi et Omar. Revenus à 3-3, le Ghana baisse finalement pavillon lorsque Tijani manque le cadre. Après quelques instants de flottement, les Libyens peuvent enfin jubiler : ils sont champions d’Afrique.

C’est donc sur cette ultime mais passionnante séance de tirs au but que cette troisième édition du Championnat d’Afrique des nations s’achève. Avec un bilan pas toujours flatteur, à l’image de cette finale et de l’ADN défensif des deux équipes : le vainqueur final n’aura remporté qu’une rencontre sur six, tandis que le finaliste a refusé le jeu pendant quinze jours. Mais où est donc passé le génie et la folie des dribbleurs africains ? Où sont les héritiers des Okocha, Weah, Madjer, Mputu, Tostao, Pelé ? Mis à part le Nigeria, meilleure attaque avec treize buts, le bilan offensif des participants est plutôt inquiétant. Un autre fait est préoccupant pour le football subsaharien : après la Ligue des champions, remportée par les Cairotes d’Al Ahly, le Chan tombe dans l’escarcelle de la Libye, dont le championnat est pourtant interrompu régulièrement depuis la chute de Kadhafi en 2011. Ce qui confirme le retard structurel et sportif des Fédérations subsahariennes. Mais ce Championnat d'Afrique des nations reste quoiqu'il en soit une belle initative à pérenniser pour combler ce fossé. Mais entre deux éditions, c'est bel et bien aux Fédérations de se retrousser les manches pour permettre aux championnats et aux joueurs locaux de progresser.