Cinéma : le projet du film « Le Mur » du Congolais Ori Huchi Kozia attend une bourse de mobilité pour sa réalisationMardi 24 Septembre 2013 - 17:10 Après une résidence aux Ateliers Sahm à Brazzaville où le film documentaire a bénéficié d’un accompagnement en écriture, le projet, dont la trame principale se déroule en France, espère une bourse de mobilité et de recherche dans ce pays pour son achèvement. « Le Mur » est certainement le titre provisoire de ce film documentaire à l’intrigue atypique et qui touche un phénomène de société passé sous silence en France. Les Illettrés ou dyslexiques, sont encore nombreux à vouloir sortir des réalités de la société, en tentant avec courage, douleur et humilité, de reconquérir le savoir, même le plus élémentaire : lire, écrire et parler leur propre langue, le français. Selon les statistiques fournies par le cinéaste, en France, 9 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans est en situation d’illettrisme. Inconnues du grand public, ces personnes sont le sujet du film. Encore trop peu prises en compte par les grands mouvements d’éducation populaire, elles représentent néanmoins la possibilité de rénover entièrement les approches traditionnelles de la formation de base des adultes. À l’analyse du projet, on peut parfois penser que le cinéaste congolais tente de s’immiscer dans les sujets liés à la francophonie et à ses prérogatives. Ou encore, l’on peut s’imaginer qu’il défend un quelconque système éducatif ou, peut-être, se prête-t-il a une exhibition ou une expérience scientifique sur l’illettrisme à travers un groupe social pris comme échantillon. Rien de tout cela, affirme Ori Huchi Kozia. « Faire ce film est une façon de témoigner, de porter un regard sur la difficulté qu’il y a, dans notre monde, à trouver sa place, à s’y intégrer et à s’y projeter dans le futur. Rendre compte du mal être et des frustrations qui peuvent en découler. Montrer des êtres en reconstruction, en recomposition, dont les réussites et les échecs sont suspendus à des règles élémentaires de grammaire française », précise le cinéaste qui justifie ce choix par une meilleure connaissance du sujet. En juin 2012 en effet, pendant sa formation à l’école de cinéma à Paris, la FEMIS, un ami cinéaste sachant qu’il travaillait sur la thématique de l’illettrisme, l’avait invité à une réunion dans la salle du conseil municipal de la mairie de Saint Denis. La réunion s’articulait autour du thème : L’apprentissage du français par des adultes. « J’ai touché du doigt cette réalité. J’ai été présenté à la classe et m’y suis introduit. C’est ainsi que pour les besoins de mon film je suis redevenu moi aussi un élève, un apprenant, un recalé, un retardataire, un cancre, un hésitant, un inadapté venu d’un autre âge, tout droit sorti d’un conte de Twist ou de Dickens », souligne le cinéaste. Le projet du film a consisté en premier lieu en une résidence d’écriture et de recherche aux Ateliers Sahm en juin dernier. Ce projet devra se poursuivre en une démarche plus approfondie avec les différents acteurs impliqués dans la question en France, et enfin, en une prise de contact direct sur les lieux avec les personnages dans leurs situations de vie, ainsi qu’avec les acteurs non étatiques travaillant autour de cette thématique. Présenté au programme de bourse et de mobilité des artistes « Visas pour la création 2014 de l’Institut français », le cinéaste espère poursuivre l’œuvre en France pendant quatre mois.
Quentin Loubou |