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La donne politique en RDCSamedi 31 Mai 2025 - 17:39 Immunités levées, procès pour « haute trahison » en vue, proches collaborateurs « visés » …, l'ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, est sous les feux de l'actualité. Ces dernières semaines alors que se dessinait la perspective de pourparlers directs entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles du M23/AFC installés à Goma, l'épisode Kabila vient alourdir une atmosphère déjà délétère. Il faut rappeler que quelque temps après la prise des provinces de l'Est de la RDC (Nord-Kivu et Sud- Kivu) par les hommes de Corneille Nangaa et associés, Joseph Kabila avait été désigné comme le principal instigateur de la rébellion. Le président Félix Tshisekedi en personne déclarait ouvertement que son prédécesseur était non seulement de mèche avec les insurgés mais plus grave encore, au cœur de la tentative de déstabilisation de la RDC. C’est dans ce contexte que la justice militaire a emboîté le pas aux déclarations présidentielles mais elle ne pouvait agir sans que l'obstacle politique constitué par les immunités dont jouissait Joseph Kabila en tant qu’ancien président de la République et sénateur à vie ne soit levé. Convoqué pour ce faire, le 22 mai, le Sénat s’est prononcé à une écrasante majorité pour cette option, non sans étendre quasi officiellement la liste des acteurs avec lesquels le gouvernement devra soit en découdre, soit discuter. En découdre est toujours un choix difficile. Les États ont recours à la force quand ils ont épuisé toutes les démarches de conciliation et estiment nécessaire de remettre de l’ordre. La fameuse violence légitime ne va pas sans son lot de dégâts collatéraux qui sont autant de souffrances « évitables » si, de part et d’autre, les lignes rouges n’ont pas été franchies. C’est ce à quoi l’on assiste depuis trois décennies à l’Est de la RDC, mais surtout depuis la mise en place par le M23/AFC d’une administration publique parallèle à Goma et Bukavu. Quant à la seconde option, discuter, elle est préférable à la première. Laborieuse, elle a l’avantage de proscrire le recours aux armes et donc d’épargner des vies. Depuis trente ans, les récits en provenance de l’Est de la RDC évoquent le massacre de la population civile mais à un niveau de violences tel qu’il devrait inciter les personnalités politiques de ce pays, toutes tendances confondues, à considérer la réconciliation nationale comme l’unique moyen d’abréger les souffrances de leurs compatriotes. Déchu de son halo de sénateur « éternel », Joseph Kabila qui dirigea son pays pendant dix-huit ans a posé, solennel, devant les emblèmes de la RDC, pour dénoncer dans une « adresse » à la nation des décisions « hâtives » motivées par la seule volonté de nuire à sa réputation d’homme de paix. C’était le 23 mai. Il a ensuite été annoncé à Goma, le fief de la rébellion M23/AFC. Est-ce pour prendre les armes ou pour implorer le dialogue avec son successeur, le président Félix Tshisekedi, son allié à sa prise de fonction en janvier 2019 ? Dans les deux cas, la suite dépendra des intentions des parties en présence et de la façon dont elles géreront les « peurs » générées par le contexte actuel. Légitimement établies, les autorités de Kinshasa redoutent-elles une bravade des rebelles de Goma, tentés comme ils le déclarent, d’avancer vers la capitale du pays, siège des institutions nationales ? Dans ce cas, elles seront dans leur droit d’en assurer la stabilité par tous les moyens. Contrôlant pour leur part d’importants pans du territoire national, les M23/AFC craignent-ils d’être délogés manu-militari le moment venu et de tomber dans l’errance ? S’ils n’ont plus rien à perdre, ils joueront leur va-tout. En réalité, une guerre totale entre les deux camps n’est pas seulement improbable, mais si elle devait se produire, elle serait un pis-aller pour la RDC et la sous-région. Quand bien même la crise dans ce pays a consumé les médiations comme elle consume les âmes innocentes depuis lors, ce que les dirigeants politiques à Kinshasa et à Goma doivent retenir est qu’il existera toujours des voies et des moyens pour faire la paix. Si leurs égos les empêchent de se regarder en face, leurs voisins dans la sous-région sont disposés à les accompagner dans ce processus salutaire. Partageant ses frontières avec neuf autres pays, la RDC n’est certainement pas en froid avec tous. On note; d’ailleurs; que le dialogue rompu entre temps avec le Rwanda a repris sous l’égide des Etats-Unis d’Amérique. Un acteur extérieur de poids intéressé comme beaucoup d’autres (Europe, Chine, Russie, etc.) aux enjeux économiques et stratégiques d’un continent qui en apparence ne veut plus ni tutelle ni ingérence, mais qui peine à résoudre par lui-même les défis sécuritaires des temps présents. Vaste débat ! Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |