Concertations nationales : des discordances à la veille du dialogueSamedi 10 Août 2013 - 15:43 À quelques jours de l’ouverture des travaux, les divergences d'approche se font jour quant à la manière d’impliquer toutes les forces vives de la Nation dans l’organisation de ces assises afin de ressortir son caractère inclusif. À peine que les membres du secrétariat technique ont été nommés, le 8 août, que leur structure fait déjà l’objet des contestations au sein de la classe politique qui récuse sa mise en place. L’opposition, en première ligne, entrevoit dans le chef de cette structure rattachée au présidium une volonté délibérée de la majorité de régenter les concertations nationales tant entendues dès lors que toutes les composantes de la société congolaise n’y sont pas impliquées. Bien que ce secrétariat soit composé en grande partie des experts dans divers domaines et des professeurs d’université ainsi que des personnalités supposées neutres, l’opposition semble ne leur accorder aucun crédit en termes d’indépendance et de liberté de pensée. Plus tranchantes, les forces acquises au changement de Martin Fayulu considèrent ces nominations comme un non-évènement et, par conséquent, déclarent ne pas être concernées par ce qu’elles considèrent comme « une distraction de mauvais goût de la part de la majorité Kabiliste élargie ». Pour l’opposition dans son ensemble, le présidium fait fausse route en s’écartant du schéma qu’elle avait proposé, celle consistant à mettre en place un comité préparatoire constitué des représentants de la majorité, de l’opposition et de la société civile pour « garantir la cohésion nationale ». L’UDPS, le MLC, l’UNC et d’autres partis de l‘opposition sont hantés par une seule idée : repartir sur de nouvelles bases en installant un comité préparatoire tripartite chargé de préparer ce dialogue dans son organisation, son format, sa durée ainsi que dans la définition de ses termes de référence. Visiblement, le pouvoir semble avoir aussi son schéma qu’il s’attelle à mettre en œuvre. Tout paraît ainsi consommé pour l’opposition dès lors que le présidium a été installé et qu’un secrétariat technique vient d’être institué en attendant qu’une ligne budgétaire soit affectée à l’organisation proprement dite. Se rendant à l’évidence que ses préoccupations telles que contenues dans sa déclaration du 1er juillet n’ont pas été prises en compte, l‘opposition est sur le point de boycotter ces assises qui risquent de ne pas atteindre leur objectif d’inclusivité. Sans l’UDPS, l’UNC et le MLC qui constituent les partis phares de l’opposition, d’aucuns se demandent comment on pourra parvenir à dégager un consensus national sur des questions qui, depuis l’aube de temps, divisent les Congolais ! Quand bien même le pouvoir et l’opposition se rejoignent sur certains points, notamment sur le choix du président Denis Sassou N’Guesso comme médiateur attitré, néanmoins des divergences demeurent entiers notamment sur le choix des thématiques du reste définies unilatéralement, selon certains, sans que les autres composantes ne soient associées à la discussion. Des thèmes à controverse Des thèmes du genre « réforme institutionnelle » prête déjà à équivoque dans certains milieux qui y voient l’ombre d’une modification éventuelle de la Constitution aux fins d’allonger la durée du mandant du chef de l’État. Autre thème prêtant à controverse, c’est celui des « Conflits communautaires ». Pour les Forces acquises au changement, « il n’y a pas de conflit communautaire entre les 450 tribus que compte la RDC mais plutôt une agression étrangère avérée du Rwanda et de l’Ouganda au versant est contre l’intégrité et la souveraineté de notre pays ». Pendant que certains tiennent mordicus à voir être reprise parmi les thématiques la question de la crise de légitimité née des scrutins de novembre 2011, d’autres proposent que la problématique de la guerre de l’Est soit également inscrite comme une matière spécifique à traiter au cours de ces assises. À tout prendre, on est bien loin d’atteindre une unilatéralisation des vues à quelques encablures de la tenue de ces assises. Ce qui fait craindre quant aux chances d’atteindre une réelle cohésion nationale avec, à la clé, l’inclusivité du dialogue, gage de son succès. Entre-temps la diaspora et d’autres structures sociopolitiques continuent de réclamer leur quota de participation en faisant constamment pression sur le présidium. Invités à ce forum national, à en croire le président du Sénat, les groupes armés dont le M23 maintiennent encore le suspense quant à leur participation à ces assises qui, si on n’y prend garde, risquerait de se réduire en un vaste congrès de la majorité au pouvoir. Sans plus.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Députés et sénateurs en congrès au palais du peuple |