Conflit ukrainien: la montée des craintes

Mercredi 21 Septembre 2022 - 17:45

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Pour de nombreux observateurs, plus le conflit entre la Russie et l’Ukraine perdure, plus le monde s’expose à une menace nucléaire aux conséquences imprévisibles.

Va-t-on vers un conflit de grande ampleur entre la Russie et l’Occident à partir de celui en cours actuellement en Ukraine ? Depuis que la Russie a décidé son opération militaire spéciale dans le but, se défendait le président Vladimir Poutine le 25 février, de « démilitariser » et « dénazifier » son voisin accusé d’être la tête de pont de la menace occidentale contre la Fédération de Russie, la situation sur le terrain reste préoccupante.

D’une part, les deux pays ne sont pas prêts à négocier, malgré quelques offres timides entreprises en Biélorussie et en Turquie il y a plusieurs mois, de l’autre, l’acheminement en faveur de Kiev d’importantes quantités d’armes, de munitions et certainement d’hommes par les pays de l’Alliance atlantique rapproche le monde d’une troisième guerre mondiale dans laquelle, probablement, en raison des appréhensions des belligérants, les armes nucléaires pourront être utilisées.

« L’objectif de l’Occident est de détruire la Russie », a encore répété le chef du Kremlin, le 21 septembre, dans une allocution teintée de menace comme celle qui avait précédé le conflit, mais cette fois Vladimir Poutine a annoncé son intention d’utiliser toutes les armes en sa possession « pour défendre le peuple russe », s’il était avéré qu’une menace existentielle pèserait sur son pays. Ces déclarations font écho aux appels à la tenue de référendums dans plusieurs territoires prorusses d’Ukraine (Donbass, Lougansk, Zaporijjia, Kherson) que le président russe dit exposés aux actes « terroristes » de néonazis.  

Le 24 septembre, le conflit en Ukraine franchira le cap de sept mois depuis son éclatement. Une longue période durant laquelle la diplomatie a échoué à construire des passerelles et laissé se former deux blocs opposés avec d’un côté les pays occidentaux qui sont debout contre l’« agresseur » russe, et de l’autre la Fédération de Russie. Engagée seule dans son « opération militaire spéciale », elle peut compter sur la « compréhension » d’un certain nombre d’alliés potentiels, pour la plupart membres des BRICS (1), ou encore les Etats ayant choisi de ne pas prendre parti. Les votes se succèdent aux Nations unies sur la condamnation de l’action de Moscou et montrent combien la division est palpable entre les pays.

Dans cette optique, le rapprochement entre la Russie et la Chine peut être considéré comme l’axe tangible d’un nouveau rideau de fer moins virtuel que celui déployé sous la guerre froide le siècle dernier. Agacé par le discours de Washington sur Taïwan, notamment quand le président Joe Biden déclare que les Etats-Unis interviendront au besoin militairement si Taipei était envahie par la Chine, l’empire du milieu avertit pour sa part que son territoire est inviolable et toute ingérence de quelque puissance que ce soit verra une réponse vigoureuse de son gouvernement. Taïwan est, en effet, considéré comme faisant partie intégrante de la Chine et la mise en œuvre du projet de réunification auquel Beijing tient tant n’est jamais qu’une question de temps, selon les autorités chinoises.

Le conflit s’éternisant, l’appel à la mobilisation « partielle » des réservistes par le président russe est aussi un signe qu’il n’y a pas une date envisagée pour la fin du conflit. Les semaines dernières ayant été marquées par une percée des troupes ukrainiennes dans des zones naguère sous contrôle russe, tout indique que les deux camps se réarment davantage et sont déterminés à se battre jusqu’au bout.

Moscou s’est fixé comme objectif final de soutenir l’indépendance des territoires mentionnés plus haut, on imagine que l’accomplissement de celui-ci coûtera à l’Ukraine une bonne partie de ses frontières. Les soutiens de Kiev ne l’entendent pas de cette oreille et poursuivent autant que faire se peut l’isolement de Moscou par un train de sanctions qui touchent tous les secteurs de la vie de ce pays.

Quand bien même l’efficacité de ces sanctions décrétées en 2014 suite à l’annexion de la Crimée par la Russie alimente la controverse sur le Vieux continent, il n’est pas certain que Bruxelles revienne sur ses positions. Il n’est pas exagéré de dire qu’avec ce conflit se joue le sort de l’humanité. L’Europe ayant toujours été au cœur des bouleversements de la communauté mondiale, il est temps qu’émergent dans les autres quartiers de la planète des énergies capables de promouvoir la paix et la quiétude. Plus que jamais? l’Afrique a un rôle à jouer dans le moment présent.

(1) BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.

Gankama N'Siah

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