Contrat minier RDC/ Etats-Unis : Justicia Asbl appelle à privilégier l’intérêt général

Mercredi 12 Mars 2025 - 15:15

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L’organisation de promotion et de protection des droits de l’homme, du droit humanitaire et de développement basée en République démocratique du Congo (RDC), Justicia Asbl, a affirmé suivre avec une attention soutenue les rencontres entre le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et celui de la RDC pouvant déboucher sur un accord d’exploitation des minerais stratégiques.

Justicia Asbl, responsable de la facilitation des Principes volontaires en RDC, une initiative globale coordonnée par les Etats-Unis, exhorte les deux pays à privilégier l’intérêt général et dit s’attendre à ce que l'accord à signer concourt à l’amélioration de la gouvernance minière. « Sans l’amélioration de la gouvernance minière, la lutte contre la corruption, le trafic d’influence de la part des personnes politiquement exposées ou des membres de la famille du chef de l’Etat et l’application des sanctions contre les groupes maffieux nationaux et étrangers, aucun accord d’exploitation des minerais ne serait réellement avantageux au peuple congolais », a déclaré le président de Justicia Asbl, Me Timothée Mbuya, cité dans un communiqué de cette organisation du 11 mars.  

D’énormes défis à relever

Justicia Asbl a, en effet, rappelé que le secteur minier congolais est confronté aux énormes défis. Elle a notamment cité les activités minières illégales soutenues par la présence des militaires non-éligibles sur des permis déjà octroyés officiellement à des investisseurs étrangers qui extraient des minerais stratégiques (cuivre et cobalt) d’une manière responsable dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, ainsi que la présence des groupes armés pour d’autres minerais tels que le tantale extrait dans la partie est du pays. Pour Justicia Asbl, il faut également mentionner que la faiblesse de l’Etat, la corruption, le trafic d’influence par la présence des acteurs politiques, spécialement ceux qui sont au pouvoir et des membres de la famille présidentielle, sont non seulement des maux qui empêchent aux entreprises minières régulièrement installées en RDC d’exploiter des minerais en toute quiétude, mais surtout ces activités illégales sont la cause de violations des droits de l’homme, causant des centaines de cas de meurtres, tortures, viols, pire forme du travail des enfants parmi d’autres.

« A titre d’illustration, les chaînes d’approvisionnement souvent contrôlées par des Chinois sont approvisionnées par les activités illégales suivantes : pillage sauvage de la part des personnes agissant au nom de quelques membres de la famille du président de la République, des autorités nationales et provinciales avec la protection des éléments de la Garde républicaine ;  envahissement de la part de plusieurs milliers de creuseurs clandestins et illégaux sous la couverture des coopératives minières tenues par des acteurs politiques au pouvoir. .. », a souligné Justicia Asbl.

Cette organisation note également qu’à cause de ces activités illégales aux abords de leurs sites, certaines entreprises éprouvent d’énormes difficultés financières s’élevant en milliards et au point de recourir au licenciement massif de leurs agents.  « Il y a lieu de noter que ces maux touchent également la province du Tanganyika où le projet sur l’exploitation du lithium, à Manono, n’évolue pas à cause des interférences de certains acteurs politiques congolais, de la mauvaise gouvernance de l’entreprise Cominière et de la corruption des officiels congolais par certains groupes chinois et australiens. De même aussi, l’Est de la RDC où plusieurs sites miniers sont gérés par les groupes armées qui alimentent, par ce fait, les conflits meurtriers », a ajout Justicia Asbl. Elle note que c’est dans ces conditions que les gouvernements congolais et américains ouvrent la voie au dialogue pour des accords sur l’exploitation des minerais stratégiques contre le soutien à la sécurisation du pays.

Pour elle, la conclusion de pareil accord ne devrait pas se faire en dehors de l’Assemblée nationale de la RDC ni en violation de la loi qui exclut la signature de tout contrat d’exclusivité. Insistant sur le fait que les minerais congolais ne devraient pas être bradés au bénéfice des individus et que tout accord avec le gouvernement américain devrait être transparent, publié et faire l’objet d’une large consultation avec les communautés et la société civile, Justicia Asbl recommande aux organisations de la société civile de ne pas soutenir tout contrat ou accord minier qui ne serait pas bénéfique pour la population.

 

Lucien Dianzenza

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