Coopération : la Russie fait de la jeunesse africaine son alliéeSamedi 30 Août 2014 - 16:00 Le pays a organisé, du 24 au 27 août, à Moscou une série d’échanges avec les jeunes leaders des milieux sociaux d’Afrique. Lors des entrevues, l’État fédéral russe a donné vouloir s’appuyer sur la jeunesse africaine pour amorcer son repositionnement dans le continent africain. Décryptage.
La Fédération de Russie est consciente que les jeunes, qui représentent plus de 40% de la population active de l’Afrique sont un potentiel pour l’essor du continent. Difficile donc pour l’État fédéral d’envisager une coopération multilatérale durable qui ne mette ces derniers à leur place de baptiseurs de l’Afrique de demain. Pour passer à l’acte, dans la concrétisation de cette nouvelle approche relationnelle, Moscou a organisé du 24 au 27 août, dans la capitale même, une série de tables rondes avec les jeunes leaders, représentants des milieux sociaux du Congo, du Cameroun, du Gabon, du Kenya, de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, de l’Éthiopie et de la Tanzanie. Au menu des entrevues, l’identification des domaines prioritaires de coopération sur l’entrepreneuriat juvénile, notamment la recherche des moyens de mise en œuvre des projets profitables à la jeunesse de la Fédération de Russie et celle des pays africains représentés. « Notre objectif n’est de développer une coopération de dominant-dominé mais plutôt celle dans laquelle chacune des parties trouvera son compte (…) Vous trouverez donc ici en Russie des partenaires pour la réalisation de vos projets ... », a souligné le chef de l’Agence fédérale russe des affaires de la communauté d’États indépendants et de la coopération humanitaire internationale, Konstantin Iossifovitch Kossatchev. Les propos de ce dernier ont apaisé, d’entrée de jeu, les esprits des jeunes leaders africains qui tenaient mordicus à défendre, avant tout, les intérêts de leurs pays respectifs. «L’Afrique est fier de sa jeunesse (…) Nous ne sommes donc pas ici uniquement pour écouter mais aussi pour proposer en tenant compte de ce dont le continent a besoin », a déclaré Juste Bernardin Gavet, en qualité de membre du Conseil national de la jeunesse du Congo-Brazzaville. La ronde des institutions russes Le calendrier de travail de la délégation africaine prévoyait la visite de certaines institutions de la Fédération de Russie pour débattre avec les autorités les ayant en charge. Ainsi, les jeunes leaders se sont rendus à l’Agence fédérale russe des affaires de la jeunesse. Avec le chef de la structure, Pospelov Serguey Valerievitch, les échanges ont porté sur le renforcement des liens entre les organisations de jeunesse de Russie et celles des pays africains. Plusieurs projets seront initiés sous peu au nom du développement du mouvement de la jeunesse mondiale contemporaine, a-t-il renchéri avant de rappeler que près de soixante-trois pays dont l’Allemagne, la Grande Bretagne et les États-Unis avaient déjà pris part, en Russie, à un forum sur la jeunesse. Les jeunes représentants des pays africains ont, par ailleurs, visité la Chambre publique de la Fédération de Russie, le 26 août. Cette structure est l’équivalent du Conseil économique et social dans la configuration institutionnelle du Congo et de bien d’autres pays sans nul doute. Là, ils ont échangé avec les responsables de la Commission de soutien aux initiatives des jeunes. Les thématiques sont restés les mêmes a quelques exceptions près. Dans la matinée du 27 août, les portes de la Douma (le Parlement russe) se sont ouvertes à eux. Le sénateur Mikhaïl Vitalievitch Marguelov les a reçus à bras ouverts. Le développement de la coopération entre les États représentés était le principale dossier sur la table des discussions. Le parlementaire russe a saisi l’occasion pour expliquer à ses hôtes la manière par laquelle la Douma, dans le cadre des actions humanitaires, vient à la rescousse des refugiés africains en détresse par l’intermédiaire des Nations unies. L’Académie diplomatique du ministère russe des Affaires étrangères était le point de chute de la visite de la délégation africaine. Ici, il s’est agi d’une réunion visant à analyser, entre autres, les spécificités de l’enseignement des matières internationales aux étudiants étrangers, notamment ceux venus d’Afrique. Les éminents professeurs russes sont revenus sur le taux des bourses octroyées aux Africains qui, du reste, est revu à la hausse. Entre 2014 et 2015, cinquante-trois bourses sont prévues dans plusieurs spécialités. Deux places pour les Congolais qui feront le déplacement du pays pour une étude sur la météorologie et la pêche. L’Afrique, une terre promise… Les échanges entre la Fédération de Russie et les jeunes leaders des milieux sociaux d’Afrique, à dire vrai, rentrent dans le cadre de la politique de repositionnement du pays dans le continent africain. La Chine a largement gagné du terrain. Les Etats-Unis, par le tout dernier sommet des chefs d’État d’Afrique tenu du 4 au 6 août à Washington, ont également pris position pour se faire une place dans le continent, avec à la clé un investissement chiffré à 33 milliards de dollars tel que promis par le président américain Barack Obama. Face à l'avancée des autres puissances dans le continent africain, la Russie n’a pas de raison de rester en marge. Elle veut se refaire, elle aussi, une place importante. C’est d’ailleurs ce qui explique la confession faite par le chef de l’Agence fédérale russe des affaires de la communauté d’États indépendants et de la coopération humanitaire internationale. « Pendant les deux dernières décennies, nous nous sommes trompés en nous disant qu’il n’était pas nécessaire de coopérer avec les pays africains. À ce jour, notre politique externe prend une direction vis-à-vis de l’Afrique, nous y serons davantage présents», a-t-il avoué. On attend donc de voir ce que donnera, dans les jours à venir, la coopération amorcée par la Russie avec les jeunes leaders des pays africains puisqu'elle annonce le repositionnement de la Fédération de Russie en Afrique.
de notre envoyé spécial à Moscou Rominique Nerplat Makaya Légendes et crédits photo :Photo 1 : Table ronde entre les responsables russes et les jeunes leaders africains
Photo 2 : Photo de famille entre les membres des deux parties
crédit photo Adiac |