Covid-19 : le Congo totalise cent jours de vie sous la pandémieMardi 23 Juin 2020 - 16:15 Le premier cas Covid-19 est officiellement annoncé dans le pays le 14 mars 2020. Deux semaines plus tard, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a décrèté le confinement général de la population. Le Congo est ainsi entré dans un mode de vie jamais connu auparavant où même la salutation fait désormais partie des interdits dans le but de couper la chaîne de contamination. Le point de la pandémie qui totalise cent jours dans le pays ce mercredi 24 juin.
Le point épidémiologique de Covid-19 du 22 juin indique que le pays a atteint 1087 cas positifs, 456 guéris et 37 décès. Bien avant d’atteindre ces chiffres, le gouvernement avait pris des dispositions pour éviter le pire à travers le confinement qui a été décrété le 28 mars et entré en vigueur le 2 avril. Frontières, écoles, églises, lieux de loisirs fermés. Pas de déplacements injustifiés, le nombre de personnes aux mariages et funérailles limité au nom des mesures barrières visant à couper la chaîne de contamination. « Nous allons tous combattre pour sauver notre économie et notre société de la noyade consécutive au règne de la pandémie de Covid-19. Nous allons tous combattre pour que le pays reste debout et poursuive avec hardiesse sa marche vers le développement. On ne va pas au combat, on ne mène pas le combat, on ne gagne pas le combat, sans règles strictes à observer, sans détermination inébranlable et sans discipline de fer. A la vérité, l’observance de toutes les règles édictées, la détermination et la discipline de tous forment l’essentiel du combat. Combattre pour soi, combattre pour nous tous, c’est avant tout s’y conformer », déclarait le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, en annonçant l'état d'urgence sanitaire et le confinement le 28 mars. Prise en charge des cas Covid-19 Dans l’un de ces discours sur la pandémie, le président Denis Sassou N’Guesso a reconnu les failles du système sanitaire débordé par l’ampleur de la situation qui a d’ailleurs pris de court les systèmes de santé les mieux élaborés du monde. Le plan de riposte a néanmoins permis d’augmenter la capacité litière nationale jusqu’à atteindre 624 lits dans les structures hospitalières retenues pour la prise en charge, entre autres, le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville, la clinique municipale Albert-Leyono et l’hôpital sino-congolaise de Mfilou, pour la capitale. Les hôpitaux généraux Adolphe-Sicé et Loandjili à Pointe-Noire y compris le centre de santé à paquet de soins élargis Mouissou-Madeleine. Pour la Cuvette, l’hôpital Edith-Lucie-Bongo-Ondimba... A propos du dépistage, le nombre de tests réalisés par le diagnostic virologique (RT-PCR) a atteint 10 843 à la date du 18 juin 2020 avec une capacité de 400 à 990 tests par jour. Par ailleurs, le nombre de laboratoires impliqués dans ce processus est passé de trois à cinq. « Aujourd’hui, le Congo est ainsi relativement bien pourvu pour assurer un niveau de dépistage compatible avec l’évolution de la pandémie », indiquait le Premier ministre, Clément Mouamba, lors de l'annonce du deuxième palier de déconfinement le 20 juin à Brazzaville. Cent mille ménages vulnérables assistés Pour permettre aux couches sociales démunies de faire face au confinement et à l’arrêt des activités lucratives quotidiennes qui les faisaient vivre, le gouvernement a attribué les allocations alimentaires d’urgence à 50 000 ménages à Brazzaville, 30 000 à Pointe-Noire et 20 000 dans les autres départements selon la densité de la population. Les fonds ayant facilité la prise en charge des personnes vulnérables dans le cadre de la riposte humanitaire à la Covid-19 étaient à l’origine consacrés au projet « Telema » financé par l’Agence française de développement qui finalement a été réorienté à cause de l’urgence de l’heure. L’économie en berne La pandémie à l’origine du confinement a négativement impacté l’économie nationale avec une récession dont le taux varie entre 10% et 7%. L’augmentation du chômage, la contraction du commerce extérieur en termes d’exportation et d’importation, la dégradation des finances publiques allongent la liste des conséquences ayant asphyxié l’économie du pays dans les secteurs formel et informel. Fonds national de solidarité Les conséquences de la Covid-19 sur l’économie et les ménages ne sont pas restées sans réponses. D’où la création du Fonds national de solidarité sous la forme d’un compte spécial du Trésor. Ce Fonds bénéficie d’une inscription budgétaire de 100 milliards dont 50 milliards immédiatement mobilisables. La répartition : 40 milliards pour le soutien aux entreprises et 10 milliards de transferts monétaires au bénéfice des ménages. Ainsi, l’appel à la solidarité lancé par le président de la République a permis aux personnes physiques et morales d’apporter leur contribution. Des défis à relever Les plaintes ne cessent de retentir du côté de la population au sujet de l’accueil et du suivi des malades dans les hôpitaux qui semblent être abandonnés à leur triste sort. Le cas le plus patent est celui de Chloé Bafouidinsoni qui, en état de gestation, est morte après avoir été transférée de l’hôpital de base de Makélékélé à la clinique municipale Albert-Leyono en passant par Blanche-Gomes parce que soupçonnée de Covid-19 alors que le résultat qui s’en est suivi s’est avéré négatif. Une enquête judiciaire a d’ailleurs été ouverte à ce propos. La suite est toujours attendue. En dehors du port de masque, la population semble céder au relâchement sur d'autres mesures barrières alors que les cas de contamination ne font qu’augmenter en cette période de déconfinement qui est à son deuxième palier. Les efforts de sensibilisation devraient donc être poursuivis, accentués pour permettre à ceux qui jusque-là sont encore dans le déni de la maladie d’en prendre conscience. Par ailleurs, la surveillance épidémiologique doit être renforcée dans l’arrière-pays car les départements de la Cuvette-Ouest et de la Lékoumou qui n’étaient pas encore contaminés jusque-là viennent d’enregistrer des cas il y a quelques jours. Aussi, du côté de la police les dérapages sont déplorés notamment les cas de violences physiques, de vols et d’extorsions. A cet effet, le directeur général de la police, le général Jean François Ndenguet, a promis des châtiments aux agents qui ternissent l’image de la force publique en appelant l’ensemble des éléments à un engagement de type nouveau. La population, pour sa part, doit se montrer civique vis-à-vis des mesures barrières contre la Covid-19 dont la police a la responsabilité de faire respecter. « Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse, le nouveau coronavirus, ce mal absolu, est encore là », déclarait le président de la République. Le déconfinement qui est à sa deuxième étape ne devrait donc pas être facteur de relâchement. Autant le gouvernement doit poursuivre ses efforts pour combattre la Covid-19 autant la population doit faire preuve de responsabilité pour se protéger.
Rominique Makaya Légendes et crédits photo :Photo 1 : le personnel médical analysant les échantillon des tests
Photo 2 : les médecins engagés dans la riposte contre la pandémie
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