Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
CrimesJeudi 6 Novembre 2014 - 9:59 Mieux vaut tard que jamais : les médias des grands pays industriels de l’hémisphère Nord découvrent subitement que nombre de leurs entreprises prospèrent sur la misère de ce que l’on appelait hier le « Tiers-monde » et que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de « monde émergent ». Après le Bangladesh, où sont fabriqués dans des conditions indignes toutes sortes de produits vendus très cher en Europe et aux États-Unis, ils en viennent à épingler les conditions inhumaines dans lesquelles sont extraits, dans les mines sans nom et sans visage de l’Est de la République démocratique du Congo, les produits tels que le tantal, alias le coltan, qui entre dans la composition des téléphones portables. Ce que ne disent pas ces mêmes médias, c’est que l’une des causes premières des drames qui se déroulent depuis des décennies dans cette partie du monde est précisément les trafics de toute nature qui accompagnent l’extraction de tels minerais. Si le Bassin du Congo figure parmi l’une des zones les plus instables de la planète, c’est d’abord et avant tout parce qu’elle recèle d’immenses gisements de matériaux rares et de métaux précieux sur lesquels prolifèrent des entreprises, occidentales pour la plupart, aux yeux desquelles la vie humaine ne compte pas. Vraies à l’époque coloniale, ces sinistres pratiques se sont maintenues et même accrues dans l’indifférence générale depuis l’accession des États africains à l’indépendance au début des années soixante du siècle précédent. Lorsque le temps viendra de dresser le bilan des drames qui ont ensanglanté et continuent d’ensanglanter l’Afrique centrale, il apparaîtra comme l’un des plus terribles qu’ait vécu l’humanité. Bien que les chiffres exacts ne soient pas encore établis, ce bilan fera en effet apparaître dix à douze millions de morts, des centaines de milliers de déplacés, des dizaines de milliers d’enfants soldats, d’innombrables viols et actes de torture, des régions aussi vastes que l’Europe vouées au désordre institutionnel. Et l’on verra les pays riches battre leur coulpe en oubliant qu’elles furent directement ou indirectement à l’origine de ces atrocités. Ne reprochons pas aux médias occidentaux de se pencher enfin sur ces drames. Mais suggérons-leur de remonter également les filières financières et politiques qui les ont, sinon encouragées du moins laissées se produire. Alors et alors seulement ils feront véritablement leur métier. Les Dépêches de Brazzaville Edition:Édition Quotidienne (DB) |