Pierre Jacquemont s'interroge si ce n'est pas la marque d’un désintérêt du nouveau président français, Emmanuel Macron, des questions de développement et de solidarité. A priori, il n'est pas de cet avis. Se référant à la déclaration d'Emmanuel Macron, le 19 septembre, à la tribune des Nations unies, à New York, affirmant : "Je veux que la France soit au rendez-vous de l’aide publique au développement".
Mieux encore, l'objectif et l'échéance fixés par le chef de l'Etat : "C’est pourquoi j’ai décidé que la France jouerait son rôle en fixant l’objectif de consacrer 0,55 % de notre revenu national pour l’aide publique au développement d’ici cinq ans ".
En renvoyant "l’objectif totémique" du 0,7 % (soit le doublement du ratio actuel de 0,38 %) fixé en 1982 par tous les pays de l’OCDE à 2025, plutôt pour la prochaine mandature, Emmanuel Macron n'en fait pas une priorité. Du moins pas au cours de son premier mandat.
A ce jour, seulement les pays scandinaves, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont atteint l'objectif, ce qui témoigne de la solidatié envers les pays du Sud, qui pourrait devenir un instrument d’alliances géopolitiques. Pour 2018, la France compte augmenter son aide pulique au développement (APD) de 100 millions d'euros. Après l'avoir amputée de 136 millions d'euros cette année. La hausse de 2018 est donc, dans les faits, une baisse de 36 millions d'euros.
"Un très mauvais départ pour s’engager sur la trajectoire vertueuse annoncée", affirme Pierre Jacquemont, considérant que cette baisse va impacter négativement l’action des ONG françaises, "qui sont autant d’acteurs majeurs de l’innovation pour le développement et de détenteurs d’une expertise validée par l’action, mais dont les dotations transitant par l’Agence française de développement sont de la sorte mises en cause''.
Pierre Jacquemont dénonce la marginalisation des ONG. L' APD française est estimée à 9 milliards d'euros, elle sera de 14,8 milliards d'euros en 2022. L'augementer de 5,8 milliards en 5 ans necéssiterait une hausse de plus d'un milliard par an. Or les projections pour la période 2018-2020 portent sur 400 millions d'euros d'augmentation. Pour lui, "le compte n'y est pas". De plus, l'aide comptabilise des flux de nature très diverse. " Environ les deux tiers de l’APD correspondent à des prêts concessionnels, à des annulations de dettes, qui n’auraient de toute manière jamais été remboursées", explique-t-il.