Devoir de mémoire : la campagne Kwibuka 20 lancée à BrazzavilleMardi 25 Février 2014 - 20:15 L’ambassadeur du Rwanda au Congo, Amandin Rugira, en résidence en République démocratique du Congo, a choisi le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza pour lancer cette campagne, en prélude à la commémoration des 20 ans du génocide des Tutsi du Rwanda. Cette cérémonie s’est déroulée en présence du secrétaire général adjoint en charge de l’Afrique du ministère des Affaires étrangères, Maurice Malanda, de quelques diplomates en poste au Congo, de la directrice générale du mémorial, Bélinda Ayessa, et de la communauté rwandaise à Brazzaville Avril 1994- Avril 2014, il y a 20 ans que le peuple rwandais a souffert dans sa chair, les conséquences d’une folie meurtrière dont le bilan macabre a endeuillé au-delà du territoire national, l’Afrique tout entière. Pour ce faire, une campagne dénommée « Kwibuka 20 » a été lancée le 7 janvier 2014 à Kigali. Cette campagne est l’occasion de rappeler un passé qui ne s’oublie pas : le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda et sa reconnaissance par la communauté internationale. La campagne « Kwibuka 20 » qui signifie en langue rwandaise « se souvenir », est le point de départ d’une série de manifestations organisées pour le 20e anniversaire de ce génocide. Ces manifestations culmineront pendant la période de commémoration qui ira du 7 avril au 19 juillet 2014. Amandin Rugira a déclaré qu’en dépit du fait que quelques auteurs de ce génocide ont certes été jugés et condamnés par des tribunaux tant au niveau national qu’international, mais beaucoup d’autres restent encore en liberté. Certains menacent même de récidiver et s’appliquent à transmettre l’idéologie du génocide à leurs enfants. C’est le cas des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), connues de tous, d'être éloquentes à ce sujet. Vingt ans après le génocide, quel bilan et quels sont les défis ? L’année 2014 est spéciale pour le peuple rwandais, parce qu’un accent particulier est mis sur le bilan des 20 ans post-génocide, mais aussi sur la mémoire et le mémorial sur la justice et sur la requête de réparation pour les victimes et les survivants. Pour Amandin Rugira, la mémoire et le mémorial sont essentiels, car ils s’opposent à la destruction radicale de toute trace existante, marquant la singularité d’un génocide, étant donné que pour les génocidaires, les victimes devraient disparaître dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi le fait d’ériger un mémorial incarne une forme de résistance à cette utopie exterminatrice. « Honorer cette mémoire et entretenir sa flamme, est un devoir pour tous, le questionnement étant essentiel. Il est essentiel dans la vertu de nos enfants, car le fanatisme, l’intolérance, la haine et la violence, peuvent détruire l’humanité tout entière. Il faut réapprendre à respecter toute vie humaine quel qu’en soit la différence. Il faut élaborer des moyens adéquats de prévention et de répression contre toute tentative de génocide sans aucune forme de complaisance. Cela est d’autant plus impératif à tous car l’expérience du Rwanda a montré que même les planificateurs et les exécutants de ce génocide ont subi des conséquences de leur sale besogne. » Avant d’ajouter que ceci est capital car la prévention contre la barbarie productive interpelle tous, et cela devrait être abordé systématiquement dans des programmes éducatifs. Des scènes de lynchage des civils qui se passent à Bangui en République centrafricaine (RCA), en pleine journée et sur la place publique, sont très inquiétantes, au point où les slogans « Jamais plus ça » deviennent des vains mots. L’ambassadeur du Rwanda a informé l’auditoire qu’en date du 7 janvier 2014 lors du lancement officiel de Kwibuka 20, la flamme a été allumée au site mémorial de Kigali et depuis il fait le tour de tout le pays et retournera au site mémorial de Kigali le 7 avril 2014, date de la 20e commémoration du génocide contre les Tutsi. Cette flamme, dit-il, symbolise le devoir d’entretenir la mémoire du passé sans pour autant en rester prisonnier, étant donné que les Rwandais sont portés par l’inspiration d’agir dans l’intérêt des générations futures dans un Rwanda uni et prospère. Ladite flamme symbolise aussi l’espoir et les perspectives d’avenir meilleur du peuple rwandais sorti des ténèbres. Puis, il a demandé à tous les représentants des pays et institutions internationales de se joindre au Rwanda en cette période du lancement de la campagne « Kwibuka 20 », afin de contribuer à réparer le passé pour préparer l’avenir et contribuer ainsi à la construction d’un monde plus juste, plus viable, plus équitable, sans règne ni exclusion. Maurice Malanda, secrétaire général adjoint en charge de l’Afrique au ministère des Affaires étrangères, représentant le ministre empêché, a lu la déclaration de ce dernier dans laquelle, il précise que le devoir de mémoire donne à l’humanité toute entière la force, de tirer les leçons du passé en vue de bâtir l’avenir dans la paix et la stabilité. Le secrétaire général adjoint a reconnu que la communauté Tutsi, dévorée par les événements de 1994, a connu les moments les plus sombres de son histoire. Mais ces souvenirs, c’est avant tout agir et toujours rappeler au monde les faits qui se sont déroulés au Rwanda en avril 1994. Ces souvenirs, c’est aussi aider les rescapés qui sont restés solidaires avec eux dans la recherche des causes de cette tragédie qui a frappé le Rwanda, et surtout poser les jalons pour que ce qui s’est passé ne se reproduise jamais. Maurice Malanda a déploré aussi le fait que la sous-région Afrique centrale n’est toujours pas à l’abri des drames proches de celui du Rwanda. C’est le cas de ce qui se passe en RCA. La seule différence est qu’on observe la mobilisation de la communauté internationale, de la communauté des États de l’Afrique centrale, et de l’Union africaine pour stabiliser une situation qui n’était pas loin de tourner au chaos. Il pense qu’en Afrique centrale, il faut plus que jamais investir entre autre dans l’éducation des jeunes, surtout lorsque l’on sait que tous ces groupes armés qui pullulent çà et là sont composés en majorité des jeunes désœuvrés manipulés habillement par les fauteurs de trouble. C’est pourquoi, en vue de prévenir d’autres cas de génocide, Maurice Malanda a suggéré : la mise en place d’instruments de lutte contre l’apologie du génocide ; l’assistance aux victimes et rescapés du génocide ; le combat pour l’émergence d’un système sociopolitique et législatif où seront bannis les manifestations de toute forme d’intolérance ; la contribution de l’État rwandais et de ses collectivités locales dans l’effort de restauration de l’unité, de la concorde et de la réconciliation nationale. À l’issue de ces allocutions, les participants ont allumé la flamme en guise de souvenir ; avant que ne soit projeté un film d’une dizaine de minutes en versions anglaise et française.
Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : Les corps constitués et autres autorités présentes à la soirée
Photos 2 et 3 : L’allumage de la flamme par les participants
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