Diplomatie : la vice-présidente américaine en Afrique

Kamala Harris a atterri dimanche au Ghana, première étape de sa tournée africaine. Cette visite est la dernière initiative en date prise pour renforcer les liens entre les États-Unis et le continent noir, en grande partie ignoré durant le mandat de Donald Trump et longtemps considéré par Washington beaucoup plus comme une région à problèmes que comme une terre d'opportunités. La vice-présidente américaine veut « éliminer les idées reçues et souvent datées sur ce que signifie vivre, travailler et investir en Afrique […], convaincue que l’innovation et les idées africaines façonneront l’avenir du monde", a déclaré un haut responsable américain sous couvert d'anonymat. Le voyage s'inscrit également au sein de la stratégie de Washington visant à freiner la présence grandissante de Pékin et de Moscou en Afrique, un continent riche en ressources, et mettre en avant un message plus positif des États-Unis, selon les responsables américains. 

"Il ne fait aucun (mystère) que nous sommes engagés dans une compétition avec la Chine, très clairement, pour la concurrencer à long terme", a fait savoir un haut responsable américain. Évoquant de "vraies inquiétudes" au sujet des prêts chinois permettant à Pékin d'accroître son contrôle sur les économies fragiles du continent, ce responsable a souligné que Washington ne cherchait pas à reproduire les méthodes de la Chine. "Notre relation avec l'Afrique ne peut et ne doit pas être définie par la concurrence avec la Chine", a-t-il estimé, revendiquant un "programme positif en Afrique" reposant sur la transparence et des partenariats entre le public et le privé. La tournée de la vice-présidente américaine intervient après d'autres visites en Afrique de membres du gouvernement  Joe Biden. Après le Ghana, Kamala Harris se rendra mercredi en Tanzanie, puis vendredi en Zambie, sa dernière étape.

La jeunesse constitue l'un des grands thèmes du déplacement de Kamala Harris, alors que la moyenne d'âge est de seulement 19 ans sur ce continent à la croissance démographique rapide, et où l'on estime qu'un terrien sur quatre vivra d'ici à 2050. Les autres sujets qui pourraient être évoqués entre la vice-présidente et les dirigeants rencontrés sont l’allègement de la dette, la démocratie, la croissance économique, la sécurité alimentaire et les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine. Le gouvernement de Joe Biden est conscient de l'"importance stratégique"  de l’Afrique concernant les enjeux mondiaux comme le changement climatique, la résilience des chaînes d'approvisionnement ainsi qu'en tant qu'"acteurs" au sein des Nations unies. Ce voyage permettra aussi à Kamala Harris de renforcer ses qualifications en matière de politique étrangère, en amont d’une potentielle deuxième candidature de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2024.