Droits de l’homme : Scott Campbell déclaré persona non grata en RDCSamedi 18 Octobre 2014 - 12:45 Le directeur du Bureau Conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme au sein de la Monusco est accusé de manque de professionnalisme et d’honnêteté dans les dernières enquêtes menées par son institution au sujet des graves violations de droit de l’homme ayant émaillé l’opération "Likofi" initiée par le gouvernement visant l’éradication du banditisme urbain. Le dernier rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) mettant en cause le comportement des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) dans l’exécution de l’opération « Likofi » initiée par le gouvernement en vue d’éradiquer le banditisme urbain, a soulevé des vagues. Le résultat des enquêtes menées par le BCNUDH sur les violations des droits de l’homme commises pendant le déroulement de cette opération entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014 n’a pas été du goût des autorités gouvernementales qui ont vite réagi. Elles ont, en effet, stigmatisé le côté partial et subjectif desdites investigations. Le ministre de l’Intérieur Richard Muyej est monté au créneau pour manifester son désarroi face à ce qui parait être une bourde des enquêteurs du BCNUDH dont le professionnalisme et l’honnêteté ont été remis en cause. Sans attendre, le gouvernement a plaidé pour le rappel du Directeur du BCNUDH au sein de la Monusco qui, de par ses fonctions, porte la responsabilité du rapport incriminé publié à partir de Goma. D’où la décision du ministre Richard Muyej déclarant Scott Campbell persona non grata au grand dam de la Monusco qui prône plutôt des négociations avec le gouvernement dans le sens de sauver les meubles. Ce cadre onusien se serait, de l’avis du gouvernement, permis en dehors de toute vérification élémentaire des faits, d’imputer « par présomption » des faits délictueux ou criminels anonymes aux membres des FARDC. « Maniant avec dextérité les contre-vérités, la désinformation et les extrapolations tendancieuses au mépris des exigences professionnelles de rigueur et d’objectivité dans l’exercice de sa mission dans un domaine aussi sensible, Monsieur Campbell est devenu la caisse de résonnance des rumeurs les plus invraisemblables sur la situation des Droits de l’Homme dans notre pays », a enfoncé le porte-parole du gouvernement lors de sa dernière prestation médiatique. D’où l’ultimatum de quarante huit heures accordé depuis le vendredi 17 octobre à l’incriminé pour quitter le territoire congolais. Un secret de polichinelle Dans les milieux des organisations des droits de l’homme tant nationales qu’internationales, la décision des autorités congolaises est très mal digérée surtout que les enquêtes menées par le BCNUDH l’étaient conformément à son mandat et reposaient sur des bases fiables. L’on rapporte qu’entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014, la période sur laquelle ont tablé les investigations de cet organe de l’ONU, plus de soixante-dix témoignages provenant de différentes sources, y compris de la police elle-même, ont été recensés. Maints observateurs s’interrogent sur la pertinence de la décision gouvernementale lorsqu’on sait que le BCNUDH n’a fait que relayer des dénonciations antérieures sur les bavures policières ayant entaché l’opération Likofi exprimées en son temps par des structures telles que VSV, Anmdh, Acaj et Asadho. Les exécutions extrajudiciaires dont la PNC s’était rendue coupable étaient, de l’avis de ces associations, un secret de polichinelle d’autant plus que les noms de certaines victimes avaient même été communiqués. Bien plus, des groupes bien identifiés de la police étaient cités comme responsables des bavures ayant entrainé mort d’hommes. Qu’à cela ne tienne. En attendant qu’un compromis ne soit trouvé entre le gouvernement et la Monusco dans cette affaire, Scott Campbell passe pour un indésirable en RDC qui appelle déjà à son remplacement. Pour rappel, le rapport querellé du BCNUDH fait état du meurtre d’au moins neuf civils et la disparition forcée d’au moins trente-deux civils par des agents de la Police nationale congolaise dans le cadre de l’opération « Likofi ». L’organe onusien estime par ailleurs que compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain, le nombre des victimes enregistrées est susceptible d’augmenter. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Scott Campbell |