Économie numérique : le courrier hybride pourrait redynamiser le secteur postal au Congo

Jeudi 10 Juillet 2014 - 14:44

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le développement de l’économie numérique a conduit les postes du monde entier à revisiter leurs services courriers. Face au déclin de la poste traditionnelle, précipité par les communications électroniques grâce à Internet, le courrier hybride a fait son apparition dans les stratégies de développement postal. La poste congolaise est sur cette voie depuis 2012 et attend la concrétisation du projet qui pourrait stimuler son essor

Lorsque l’on évoque la poste, on pense tout de suite à son statut de transporteur et de distributeur de courrier. Mais l’époque où les facteurs passaient de maison en maison est presque révolue. Le volume des courriers a considérablement baissé, entraînant de ce fait une chute des profits au niveau des Postes. Le développement de l’Internet et du numérique a modifié l’écosystème des services postaux, s’accordent les experts. L’innovation et le développement des services électroniques postaux semblent désormais prendre le dessus sur la poste traditionnelle.

Pour relever le défi du numérique et permettre aux postes de composer avec les nouvelles stratégies économiques, plusieurs nouveaux services sont nés. Si la poste congolaise n’est pas restée en marge en développant des services para bancaires et de transfert d’argent, elle attend cependant la matérialisation du projet de « courrier hybride » entamé depuis 2012 grâce à une signature entre le Congo et la société marocaine Gemadec.

Le projet consiste, en effet, à transformer les données électroniques (lettres, factures, relevés et autres) reçues des clients en courrier physique mis en condition par la Poste et distribué au destinataire, à son domicile. « Ce projet est structurant du fait que sa mise en service permettra aux grands acteurs économiques du pays de transmettre des données informatiques à la Poste et ce dernier se charge du reste jusqu’au destinataire », précise Aubin Kimbolo, directeur des études et du développement à la Société des postes et de l’épargne du Congo (Sopeco).

Conçu dans le cadre du Plan intégral de réforme et de développement postal (PIDEP), le projet attend encore d’être financé. Il serait attendu deux ou trois ans après la date de signature du contrat en 2012. Comme au Maroc ou au Sénégal où le système a été développé, l’initiative devrait redonner à la poste une place primordiale dans l’économie du pays.

Un nouveau métier pour la Poste

Pour la Poste, il ne s’agira plus que de la gestion et de la distribution du courrier. La technologie du courrier hybride pourrait, souligne Aubin Kimbolo, proposer aux entreprises une externalisation du processus de conception, de création et de production de leur courrier de masse. Un document de cette stratégie précise par ailleurs : « La Poste se positionnerait alors avec une offre inédite dédiée à la conception, la création, l’impression des documents d’entreprise, leur mise sous pli, le tri, l’affranchissement, la distribution, l’archivage des données, le traitement des retours et le recouvrement en bout de chaîne. »

Avec un réseau au départ d’une centaine de bureaux de poste, la Poste congolaise compte sur la réhabilitation de ces infrastructures détruites pendant les événements douloureux que le Congo a connus, pour réussir le pari de son essor. Des 110 agences postales que comptait autrefois la Poste, près de trente bureaux ont été préservés à la fin des années 2000. La réhabilitation attendue des bureaux de poste se fait avec timidité alors qu’elle constitue un immense réseau de communication, le premier, sans doute. Le secteur postal ne constituerait pas, selon des responsables de la Sopeco, « ni une préoccupation, ni une priorité ». Cette inertie, souligne-t-on, « s’est souvent traduite par l’absence d’une politique sectorielle ».

Le projet de courrier hybride n’est pas le seul à attendre le financement. Grace à l’Union Postale Universelle, le secteur postal s’est doté du PIDEP, avec à la base, plusieurs programmes. Pourtant, sa mise en œuvre pose problème, faute de « financement et de volonté politique réels », souligne-t-on à la Sopeco. Pour preuve, depuis sa mise en œuvre, seul le projet de migration des Centres de Chèques Postaux en Banque Postale a été concrétisé. Malgré les études déjà réalisées, d’autres sont en attente de financement.

 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

La Poste centrale.