Élections locales : « Les Congolais ne croient plus en l’homme politique », dit Tsaty Mabiala

Mardi 7 Octobre 2014 - 18:30

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Deux jours après la publication des résultats des élections du 28 septembre, le premier secrétaire de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), Pascal Tsaty Mabiala, s'est exprimé. Le taux d’abstention, l’organisation des élections et le mécontentement de ce principal parti de l’opposition concernant les résultats de ce scrutin, sont autant de points qu'il a abordés le 7 octobre à Brazzaville.

Les Dépêches de Brazzaville : les résultats des élections locales sont publiés. Pensez-vous que les rectificatifs apportés sur  les résultats de Dolisie prouvent le manque de savoir-faire ?

Pascal Tsaty Mabiala : C’est simplement la volonté de tricher. La bonne décision pour nous était de participer et non de boycotter. Mais nous ne nous faisons pas d’illusions. Au-delà de ce que nous prescrit la loi, il y a la pratique réelle. La loi prévoit qu’on doit mettre à la disposition de chaque tête de liste le procès-verbal des résultats. Malheureusement, on nous l'a refusé. Et nous n’avons aucun justificatif pour revendiquer quoi que ce soit. Nous ne sommes pas surpris des résultats, car nous avions dit, avant l’organisation de ce scrutin, que ces élections ne se dérouleront pas dans la transparence et dans l’équité. Ce n’est pas la contestation, je pense qu’il y a des endroits où le Parti congolais du travail (PCT) a gagné normalement. Vu son implantation sur l’étendue du territoire national, le PCT peut gagner partout. Alors pourquoi ne pas mettre en place une Commission électorale indépendante avec toutes les garanties de transparence. En faisant ainsi, le parti au pouvoir enlèverait tout soupçon de fraude.

LDB : après l’organisation des élections locales, pourquoi réclamez-vous toujours la mise en place d’une commission indépendante ? Est-ce pour les élections présidentielles de 2016 ?

P.T.M : Si c’est dans ces conditions qu’on va organiser le référendum, nous aurons toujours des doutes sur la fiabilité des résultats. Pour les rendre plus crédibles, il faut avoir un corps électoral fiable, une commission indépendante d’organisation des élections, des cartes d’électeurs biométriques, et le bulletin unique.

LDB : la présidentielle en 2016 et les sénatoriales dans quelques jours, dans quel état d’esprit l’Upads va-t-elle aborder ces échéances ?

P.T.M. : Nous aborderons les sénatoriales dans le même esprit d’engagement, toujours avec ce fair-play de participer pleinement au jeu démocratique de notre pays. Nous sommes nés avec la démocratie et nous ne voulons pas être absents des grands challenges démocratiques dans notre pays. Nous irons aux élections sénatoriales, à la mise en place des conseils départementaux et municipaux.

L.D.B. : À chaque scrutin, on constate de plus en plus un fort taux d’abstention. Quel signal le peuple lance t-il à l’homme politique congolais ?

P.T.M. : Justement les Congolais ne se rendent plus massivement aux urnes parce qu’ils boudent la politique et la regardent de loin. Ils ne croient plus en l’homme politique, ni à cette manière de faire la politique, qui consiste à ne pas respecter les vertus humaines. De plus en plus, nous aurons des taux d’abstention les plus élevés. Nous demandons aux Congolais qui refusent de participer au vote, de contribuer à la perfection de notre démocratie. Nous entendons faire participer tous les Congolais au jeu démocratique, au choix libre de leurs représentants. À nos militants, nous disons que l’abstention est un mauvais message car, c’est en participant au vote que nous pouvons demain prétendre diriger ce pays parce qu’il n’y a pas une autre manière d’accéder au pouvoir que par les urnes.

LDB : Il est vrai que les locales ont été organisées avec une année de retard. Ne pensez-vous pas que le Congo vient de marquer un pas dans sa marche vers la démocratie ?

P.T.M. : Faisons très attention, ce n’est pas parce qu’on organise des élections à date échue, que le Congo est devenu un pays démocratique. Le Congo aurait fait un pas en organisant de meilleures élections. Aujourd’hui nous sommes dans le peloton des pays qui ne respectent pas les recommandations des organisations internationales dont nous sommes membres. Il faut que nous soyons un pays moderne et nous avons tous les atouts pour en être un. Souvenez-vous qu’en 1992 nous avons organisé des élections qui n’ont jamais été contestées.

Josiane Mambou Loukoula