Énergie : Jean-Louis Borloo vole au secours de l'Afrique

Mercredi 4 Mars 2015 - 11:35

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En congé de la politique française depuis près d'un an, l'ancien ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, a choisi de revenir sur la scène internationale sous le prisme de l'énergie. C'est ainsi qu'il a présenté sa fondation pour l'énergie en Afrique, le 3 mars, à l'hôtel Marigny, prêté par l'Élysée pour la circonstance. Objectif : développer le réseau électrique en Afrique.

De nombreuses figures ont assisté au lancement de la fondation Jean-Louis Borloo. On y a vu par exemple l'ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes, les président du Sénat, Gérard Larcher, et son homologue de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, la maire de Paris Anne Hidalgo, le patron du Medef, Pierre Gattaz, le président de la fondation franco-africaine pour la croissance, Lionel Zinsou, le cardinal guinéen Robert Sarah, collaborateur du pape François - à qui Jean-Louis Borloo a transmis un message pour le pape. Alors qu'il n'était pas attendu, le président français, François Hollande, s'est invité à l'événement et y a apporté son soutien et « l'appui de la France ».

Un plan d'électrification jusqu'en 2015, "vital" pour la croissance en Europe

Le plan d'électrification de Jean-Louis Borloo devrait s'étaler sur 10 ans. Il bénéficiera de 4 milliards d'euros de subventions par an, sur une durée de 12 ans et de 200 milliards d'euros en prêts. Pour Jean-Louis Borloo le relais de la croissance pour l'Europe se trouve en Afrique. Il considère la situation « intenable » en matière d'énergies en Afrique. Or cette croissance « c'est vital pour notre croissance, pour notre stabilité, et c'est un supplément d'âme pour l'Europe, exhortant le passage à l'acte ».

Il s'est félicité des efforts de la diplomatie française pour son projet, et a appelé à« équiper l'Afrique à 100% , à aller vite et à lancer le projet avant juin » de cette année, évoquant le sommet sur le climat de décembre 2015 « pour entériner » le projet. « Équiper l'Afrique c'est faisable, pas compliqué, il n'y a pas de problème de financement, juste se mettre en situation de le faire », a-t-il ajouté, appelant à la mise en place « d'un outil spécialisé, une agence spécialisée, unique » pour donner plus d'efficacité et ainsi limiter les effets pervers du multilatéralisme.

C'est en « vedette américaine » que le président François Hollande, qui n'était pas prévu à la conférence de presse de Jean-Louis Borloo est venu « apporter le soutien de la France » au projet, ironisant au passage la présence de Gérard Larcher et de Claude Bartolone – ils se sont récemment affronté - dont « seul Jean-Louis Borloo pourrait réunir" . « C'est l'esprit du Grenelle », a-t-il dit, avant de saluer le projet « à la fois pour les Africains et pour le monde ». 

Henri Lopes parle du « désir d'appuyer une bonne idée »

La maire de Paris Anne Hidalgo a salué le « côté visionnaire » de Jean-Louis Borloo, avant d'annoncer une réunion prochaine à l'Hôtel de ville de Paris, des maires francophones avec les maires d'Afrique, autour de l'énergie. L'ambassadeur du Congo à Paris a de son côté fait état d'un « désir d'appuyer une bonne idée » le travail des ambassadeurs étant « d'essayer de faire comprendre que nous sommes les continents les plus proches », rappelant que « les langues africaines sont aussi les langues européennes », et indiquant une réunion à venir des « ambassadeurs africains en France autour du projet de Jean-Louis Borloo ».

Mais l'idée de la fondation pour l'énergie en Afrique peut soulever quantité d'interrogations : l'absence de volonté des dirigeants africains de trouver 200 milliards d'euros pour l'électrification de leur continent, indispensable pour son industrialisation ; la dépendance africaine de financement extérieure au moment les dirigeants africains prônent la stratégie « gagnant-gagnant », alors qu'ils n'apportent rien de substantiel ; l'absence totale d'une perspective de voir naître sur le continent un géant de l'énergie. On pourrait aussi s'interroger sur la création de cette énième fondation, en marge de la fondation franco-africaine pour la croissance, créée, il y a quelques semaines, chargée de refonder les relations économiques entre la France et l'Afrique. Ou tout simplement, pourquoi  accepte-t-on cette fois-ci, d'électrifier l'Afrique sans poser les conditions habituelles de démocratie ou de respect des droits de l'homme ?

Avant de lancer sa fondation pour l'énergie en Afrique, Jean-Louis Borloo a pris part à des réunions de l'Union africaine (UA), de la Banque africaine de développement (BAD), rencontré 33 chefs d'État africains qui auraient tous adhéré au projet.

L'électrification de l'Afrique et son double avantage

L'électrification a un avantage économique pour la France et l'Europe, car elle constitue un nouveau marché en perspective. « Pourquoi est-ce que ce continent (africain) est à 25 % d’accès à l’énergie alors que le standard mondial est à 92 % ? L’électricité, cela demande un effort gratuit public de démarrage. On n’a pas fait les centrales uniquement avec les prêts du marché ; ce sont des biens publics. Alors, ces États jeunes n’ont pas les financements pour cela et nous sommes dans quelque chose de paradoxal, c’est que les énergies, éternelles si j’ose dire, à savoir le vent, le soleil, l’hydroélectricité, sont partout en Afrique, différemment selon les endroits, les moins chères à produire au monde », a déclaré Jean-Louis Borloo.

Mais l'électrification de l'Afrique c'est aussi mettre fin à des délestages, un moyen de gagner  des parts de croissance, d'attirer des industries occidentales, à s'y installer, à produire et transformer sur place, donc à créer des emplois, une préoccupation pour la jeunesse africaine.

 

 

 

 

 

Noël Ndong