Enjeux politiques : entre le projet d'une transition consensuelle et la poursuite du processus électoral

Mardi 14 Juillet 2015 - 16:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Entre la poursuite du processus électoral en cours et la mise en place d’une nouvelle architecture institutionnelle par le biais d’une transition sans remettre en cause la légitimité du chef de l’Etat, la RDC est appelée à choisir ce qui lui irait le mieux. 

Plus les jours s’égrènent, plus le ciel politique congolais tend à s’assombrir. De sorte qu’on ne sait plus exactement de quoi demain sera fait, et si la série des scrutins attendus entre 2015-2016 auront effectivement lieu. Le doute persiste dans l’imaginaire collectif eu égard au peu d’empressement dont fait montre le gouvernement dans l’accompagnement du processus électoral. Le dernier coup d’estocade lui asséné a consisté en la récupération par le gouvernement des prérogatives de la Céni dans l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces en gestation. Asphyxiée financièrement, la Centrale électorale parait bloquée dans la conduite du processus électoral dans son ensemble. Le découpage risque de prendre plus de temps que prévu avec une incidence fâcheuse sur le calendrier global élaboré par la Céni fixant à mi-octobre la tenue des élections locales et provinciales.

L’optimisme cultivé à ce sujet par le Vice-premier ministre en charge de l’intérieur et de la sécurité risque d’être démenti par la réalité du terrain avec, à, la clé, les difficultés inhérentes à la viabilisation de nouvelles entités. A l’heure actuelle, force est de constater que la matière électorale tend de plus en plus à être reléguée au second plan, la classe politique (particulièrement celle de la majorité) étant présentement obnubilée par le projet de dialogue politique et, éventuellement, par l’adoption d’un schéma politique consensuel qui en découlera. De moins en moins, on parle d’élection dans les cercles politiques. Pour preuve, la session extraordinaire du Parlement chargée d’examiner le projet de loi portant répartition des sièges en prévision des locales et des provinciales marque le pas. D’où l’opinion partagée dans certains milieux créditant la thèse d’un éventuel report desdites élections qui n’entrent nullement dans le champ des priorités de la coalition au pouvoir. Cette dernière, dans sa stratégie de conservation du pouvoir, serait préoccupée à l‘idée de trouver la formule idoine susceptible de permettre à son autorité morale de rempiler pour un troisième mandat, fait observer l’opposition.  

Dans les milieux proches de la plate-forme présidentielle, l’idée d’une transition consensuelle, ou mieux, d’un schéma qui, à terme, devait conduire à une table rase des institutions issues des élections de 2011, est de plus en plus évoquée. En cela, le dialogue politique devrait constituer la voie indiquée pour parvenir à l’objectif décliné sous la forme d’un consensus politique autour d’une probable requalification des institutions actuelles. Il s’agira précisément, selon certaines indiscrétions, de donner naissance à une nouvelle architecture institutionnelle qui ferait sauter le verrou constitutionnel de limitation des mandats présidentiels au nom d’une transition consensuelle, prélude à la quatrième République, impliquant Opposition, société civile et Majorité au pouvoir. Chacune des trois composantes y trouverait pour ainsi dire son compte.

Ce schéma, de l’avis de certains analystes, constituerait un frein à la dynamique électorale enclenchée depuis 2006 avec tout le risque de péricliter le pays dans le cycle infernal d’une implosion sociale aux conséquences fâcheuses. D’autant plus qu’une frange de l’opposition qui n’est pas prête à adhérer à ce schéma pourrait ameuter la rue avec toutes les conséquences pouvant en résulter.  C’est autant dire que la RDC est à la croisée de chemin parce qu’elle est dorénavant appelée à choisir entre la poursuite du processus électoral en cours et la mise en place d’une nouvelle architecture institutionnelle par le biais d’une transition sans remettre en cause la légitimité du chef de l’Etat.    

Alain Diasso

Notification: 

Non