États-Unis – Afrique : le continent africain veut des solutions durables à son déficit énergétique

Mardi 5 Août 2014 - 18:31

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Le sommet qui se tient à Washington est une occasion pour les dirigeants africains dont ceux de la RDC, au regard des réticences américaines sur le projet Inga III basse chute, de mettre sur la table des discussions la problèmatique liée au faible taux de desserte en énergie électrique dans la région, et la nécessité d’encourager l’accès à l’électricité de tous les Africains.

Il s’agit de répondre efficacement à une demande croissante en énergie, avec des besoins estimés à 7 000 mégawatts supplémentaires chaque année dans la région, alors que la moyenne de production supplémentaire ne s’établit pour l'instant qu’à 1 000 mégawatts. Pour la Banque mondiale (BM), le défi énergétique ne peut être qu’au cœur des discussions américano-africaines au cours du premier sommet du genre. En effet, le continent africain devrait mettre en avant-plan les chiffres choquants concernant, par exemple, les 600 millions d’habitants de la région n’ayant pas accès à l’électricité. Il y a aussi les 10 millions de petites et moyennes entreprises également non connectées à l’électricité. Pour les familles qui peuvent utiliser le courant électrique, elles font face à des factures salées, représentant trois fois le prix du tarif appliqué aux États-Unis d’Amérique ou en Europe, a renseigné la BM. Malgré ces tarifs exorbitants, il y a encore les pannes en fourniture, avec des phénomènes comme le délestage. L’on estime les pertes à 1, voire 4% du PIB chaque année.

Aussi cette réalité contraste-t-elle avec l’image souvent véhiculée de l’Afrique comme une région dotée de fortes potentialités hydroélectrique et géothermique dans le monde. Mais tout ce potentiel n’est exploité qu’à hauteur de 8%. Quant à l’Europe Occidentale, elle a fanchi la barre des 85%. « La vallée du rift en Éthiopie représente à elle-seule  un potentiel de 10 à 15 gigawatts. La région est dotée de réserves de gaz naturel considérables et d’abondantes ressources en matière d’énergie solaire et éolienne, ses capacités totales de production (Afrique du Sud incluse) n’excèdent pas 80 000 mégawatts. C’est plus ou moins ce que produit l’Espagne ou la Corée du Sud », a poursuivi la BM.

Le problème énergétique s’impose comme le thème majeur de ces assisses. En effet, le continent africain s’est engagé voilà maintenant vingt années dans la voie de la croissance économique, et la BM dresse des prévisions encourageantes, avec une progression de 4,7%  en 2014 à 5,1% en 2015 et 2016. De telles perspectives montrent l’intérêt pour les dirigeants africains de mobiliser leurs partenaires au développement. Selon l’analyse de la BM, la RDC et le Cameroun, présentés comme les « châteaux d’eau de la région », ensemble avec la Guinée, l’Éthiopie et l’Ouganda, sont en mesure de produire suffisamment d’énergie hydroélectrique pour satisfaire les besoins croissants du continent africain. Ces pays sont en train de s’organiser, et des solutions existent à ce défi, a renchéri la BM.

Avec un potentiel hydroélectrique estimé à 6 000 mégawatts, le barrage hydroélectrique de Lom Pangar, sur le fleuve Sanaga, au Cameroun, pourrait voir le jour entre 2015 ou 2016. Sa mise en état de marche réduirait sensiblement le coût de l’électricité pour près de 5 millions de Camerounais. En RDC, c’est le barrage hydroélectrique d’Inga avec une capacité estimée à 40 000 mégawatts mais actuellement exploitée à seulement 2,5%. Il est l’un des plus grands sites du monde. Au total, la RDC dispose de potentialités estimées à 100 000 mégawatts. Avec le développement d’Inga, la RDC sera en mesure de produire la source d’énergie renouvelable la moins chère du monde, à peine 0,03 dollars US le kilowatt-heure. Au-delà, l'on s'attend également à une faible pollution en raison du carbone minime, voire nulle.      

La solution en Afrique passe nécessairement par une intégration, c’est-à-dire les pays excédentaires, grâce à leurs centrales géothermiques, à gaz, hydrauliques, solaires ou éoliennes, alimentent un réservoir commun, a recommandé la BM, et leurs voisins moins lotis en matières de ressources énergétiques et de capacités de production en profitent, grâce à cette approche intégrée. Il faut dès à présent éliminer les obstacles à la réalisation de ce projet régional, a poursuivi la BM. Ces efforts ne seront couronnés de succès que si les pays africains concernés mènent les réformes nécessaires apour redresser les sociétés nationales en charge des questions énergétiques.

Laurent Essolomwa