États-Unis-Cuba : des premiers entretiens officiels pour normaliser les relations entre les deux paysMercredi 21 Janvier 2015 - 10:30 Le 17 décembre dernier, le président américain Barack Obama et son homologue cubain, Raul Castro, avaient annoncé simultanément le rétablissement progressif des relations diplomatiques entre leurs pays respectifs. Pour concrétiser cette volonté, les deux chefs d'État ont débuté le 21 janvier à La Havane une première série d’entretiens officiels. L'objectif étant de normaliser leurs relations et tourner définitivement la page de la guerre froide. Deux jours durant, les deux parties auront des pourparlers à huis clos sur la mise en œuvre d’un calendrier fixant les étapes du rapprochement diplomatique. Il s’agira avant tout pour les États-Unis de chercher à faciliter le travail de leurs diplomates. Leur nombre étant encore limité tout comme leur possibilité de déplacement à Cuba. Cette rencontre historique entre Américains et Cubains est saluée par de nombreux observateurs, même si les discussions portent essentiellement sur la question de l’immigration où pourrait être l’occasion d’évoquer d’autres points. Marie Laure-Geoffroy, maître de conférence à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, pense qu’il y a un point qui est assez peu défini, celui dénommé « affaires d’intérêts mutuels ». Et Marie Laure-Geoffroy d’ajouter : « du côté des États-Unis, la question du commerce sera importante, ainsi que les droits humains, mais aussi la question de la propriété américaine, puisqu’avant la révolution de 59, il y avait un certain nombre de propriétés qui appartenaient à des Américains et des entreprises qui ont été expropriées après. Côté cubain, ça va être la demande de levée d’embargo et un certain nombre de lois qui facilitent la levée de l’embargo aux États-Unis. » L’assouplissement des relations entre Washington et La Havane est le fruit d’un travail de longue haleine, dont les tractations se faisaient souvent en coulisses. Ce rapprochement est notamment l’aboutissement de négociations secrètes qui se sont déroulées de juin 2013 à novembre 2014 au Canada. L’accord final a été conclu au Vatican. Un haut responsable américain a d’ailleurs affirmé que le pape François a joué un rôle-clé dans cette percée diplomatique après avoir lancé des appels personnels aux deux présidents. À titre de rappel, notons que les relations entre les États-Unis et Cuba étaient neutres au moment de la révolution cubaine qui se solda en 1959 par le renversement à Cuba du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le mouvement du 26 juillet. Elles se sont dégradées dès l’année suivante, avec l’expropriation des compagnies des États-Unis et le refus américain d’acheter le sucre cubain, malgré les tentatives de médiation opérées par le président argentin Arturo Frondizi. Il en résulta des rapports très tendus : Washington décida en avril 1961 de lancer le débarquement de la baie des Cochons avec les membres de la Brigade 2506, qui fut un fiasco. Plus d’une décennie plus tard, soit en 1973, les deux pays signent un pacte sur le détournement d’avion, qui leur permettra d’échanger un certain nombre des pirates de l’air. Depuis des années, les relations américano-cubaines alternent entre période de refroidissement et d’adoucissement. Récemment, l’administration américaine a organisé un dégel de ces relations, en ordonnant la levée des restrictions sur les voyages et les transferts de fonds envoyés à Cuba par les immigrants cubains aux États-Unis. Les autorités américaines ont, par ailleurs, retiré leur veto mis depuis 1962 à l’intégration de Cuba dans l’Organisation des États américains. Dans ce même cadre, les deux parties ont multiplié des gestes de bonne volonté ces derniers temps. Il sied de signaler aussi que le gouvernement cubain a libéré récemment cinquante-trois prisonniers politiques, l'une des exigences des États-Unis.
Nestor N'Gampoula |