Expo « Ndura » : Meni Mbugha valorise le design localJeudi 10 Juillet 2014 - 17:45 L’exposition aura lieu du 11 au 31 juillet à l’Institut français de Kinshasa. Le designer Meni Mbugha, promoteur du label Vivuya (Beauté) et enseignant à l’Institut supérieur des arts et métiers présentera sa collection de tissus et une ligne de vêtements inspirés des motifs des Mbuti, peuples autochtones de la RDC qui vivent en Province Orientale. Ces derniers sont des peintres avérés qui expriment leur vision du monde sur des écorces battues. L’exposition « Ndura », indiquent les organisateurs, établit ainsi un lien entre la culture, l’écologie et le développement par le biais du design textile. « Elle met aussi à l’honneur un peuple méconnu et démontre qu’il est possible de produire au Congo des biens éthiques et écologiques », précise-t-on. Techniques modernes contre motifs ancestraux Meni Mbugha est un styliste qui fabrique des tissus imprimés de motifs traditionnels pygmées à destination de la mode ou des touristes. Robes, jupes, vestes et écharpes sont souvent taillées dans de la ramie dont la sérigraphie est faite avec des motifs noirs et rouges au préalable dessinés sur ordinateur. Le styliste utilise ainsi des techniques modernes pour reproduire des motifs ancestraux que les pygmées dessinent d'âge en âge sur écorce. Sa collection Protos (premier, en grec) vise reproduire la beauté de l'art séculaire de ce peuple. Meni Mbugha est né dans l'est de la France, à Nancy, d'un père nutritionniste et d'une mère au foyer, qui élève quatre enfants. C’est à l’âge de 6 ans qu’il revient au pays avec ses parents. Doué en danse et passionné de stylisme, il étudie néanmoins l’informatique pendant trois ans avant de s’inscrire à l’Académie des beaux-arts. Il commence également un cycle à l'Institut supérieur des arts et métiers de Kinshasa. Écologiste dans l’âme, il décide d'étudier le lien entre la mode et la protection de la forêt. Sa rencontre en 2007-2008 avec une famille pygmée Mbuti lui ouvre les yeux sur le destin dramatique du peuple des forêts. La famille lui offre un livre de photos montrant des écorces battues et ornées de dessins.. Promouvoir le savoir du peuple des forêts En 2011, Meni Mbugha s'est rendu une première fois dans la forêt d'Epulu, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, notamment pour ses okapis. Dans les villages, il a constaté que les Mbutis expriment leur vision du monde sur des écorces d'arbres battues selon une philosophie et une technique bien particulières. Ces écorces collectées par les hommes sur des ficus, sont peintes à l'aide de pigments extraits de végétaux délivrant des teintes noire, rouge ou jaune. Les dessins, réalisés par des femmes sous l'œil attentif des enfants, représentent la faune et la flore. Ces écorces sont portées ou utilisées dans les cérémonies rituelles. Elles sont également appréciées des touristes et des collectionneurs occidentaux. Le projet Ndura ("forêt", en kibila) a été présenté lors de la dernière édition de Kinshasa Fashion Week en juillet 2013. Après l’exposition de l’Institut français, Meni Mbugha en prévoit une autre à Kisangani, capitale de la Province Orientale, qui abrite la réserve d’Epulu. L’objectif est de mieux connaître le savoir-faire du peuple des forêts. Patrick Kianimi Légendes et crédits photo :Meni Mbugha dans son atelier à Kinshasa |