Exposition « ReThinking Collections » : plus de 40 000 pièces culturelles acquises par la Belgique au CongoMercredi 13 Mars 2024 - 16:22 Depuis le 19 janvier et jusqu’au 29 septembre se tient l’exposition temporaire « ReThinking Collections » à l’Africa Museum, ex-musée de Tervuren en Belgique. Consacrée à la recherche de provenance des collections de l’AfricaMuseum, majoritairement acquises en République démocratique du Congo (RDC), l'exposition met en lumière les défis et les différentes approches de la recherche de provenance. Elle présente un éventail de collections variées et aborde des questions pertinentes sur le patrimoine contesté et explore de nouvelles perspectives sur l'avenir des collections coloniales.
Aujourd'hui, l'AfricaMuseum abrite 129 000 objets culturels, dont 95 % proviennent des pays africains, particulièrement de la RDC. Le musée, indique-t-on, a acquis plus de 40 000 pièces du Congo avant la première guerre mondiale, ce qui représente 60 % de tous les objets culturels de ce pays qui se sont retrouvés en Belgique à l'époque coloniale. Les premières recherches sur cette collection ont permis d'identifier les différents réseaux de personnes impliquées, directement ou indirectement, dans l'acquisition de ces objets. La plupart d'entre eux, fait savoir le musée, ont été obtenus dans un contexte de rapports de force inégaux et/ou de violence, dans lequel les communautés congolaises avaient très peu de liberté d'action et de réaction. La question de la restitution des objets suscite toujours des débats houleux. Comprendre les provenances des pièces « ReThinking Collections », a indiqué l’Africa museum, constitue une étape importante dans la compréhension et la reconnaissance des itinéraires empruntés par les pièces de collection. Avec cette exposition, le musée entend ainsi examiner les défis et les approches de la recherche sur la provenance et leur lien avec les collections dans leur ensemble. L'accent, explique-t-on, est mis non seulement sur la manière dont la collection a été acquise au cours de plus d'un siècle, mais aussi sur ses perspectives d'avenir. Outre les collections d'anthropologie culturelle, l'exposition présente d'autres types de collections, notamment dans le domaine des sciences naturelles. Un ouvrage scientifique édité par Sarah Van Beurden, Didier Gondola et Agnès Lacaille a servi de base à cette exposition. Les trois personnalités sont également les curateurs de l’exposition. L’histoire du roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu Pour leur part, Ytal Yambo et Agnes Kalonda ont également contribué à cette exposition afin d'éclaircir quelques zones d'ombre et de partager leur savoir sur la transmission concernant le roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu, pendu injustement par l'administration coloniale belge, le 1er septembre 1936, à Kabinda. Fondatrice de l'ASBL aFreeKam, membre exécutive de la Fondation Yakaumbu-Kamanda-Lumpungu et également du Conseil des sages des empires et royaumes d'Afrique, Ytal Yambo a effectué de longues recherches afin de connaître la vérité sur le sort de son arrière-grand-père, le grand roi Songye Yakaumbu Kamanda Lumpungu. « Dans le musée, nous pouvions trouver un collier ayant appartenu à ma famille exposé sans légende au côté d'une photo de Tippo Tip (Tristement célèbre marchand d’escalves. NDLR) », a fait savoir Ytal Yambo, précisant que des photos permettent de retracer le lien familial. Sur la première, le roi Yakaumbu Kamanda Lumpungu est en compagnie de sa première femme portant le collier exposé à l’Africa museum. Selon les archives, ce collier aurait été vendu à un mécanicien grec par le roi lui-même. Selon l’Africa museum, les archives du musée et les sources orales permettent d'en savoir plus sur la manière dont le collier présumé de Tippo Tip a pu se retrouver dans la collection du musée de Tervuren et éclairent également le public sur l'histoire tragique et contestée du chef Yakaumbu Kamanda Lumpungu (1890-1936). « Ce chef Songye aurait hérité du collier de son père. Accusé de meurtre, le chef Kamanda a été exécuté le 1er septembre 1936 malgré les doutes entourant l'enquête judiciaire. Sa famille et ses descendants contestent toujours le verdict et demandent que son nom soit officiellement innocenté. Le chef Kamanda est une figure connue de la culture populaire congolaise et son souvenir reste présent dans la mémoire collective. Le musée possède plus d'une dizaine de tableaux représentant le chef et plusieurs événements marquants de sa vie », a indiqué l’Africa museum.
Adrienne Londole Légendes et crédits photo : Joy Ytal, fondatrice de l'ASBL A free Kam Notification:Non |