Gabon : crise préoccupante après l’élection d’Ali Bongo et pression de la communauté internationaleSamedi 3 Septembre 2016 - 14:45 A l’occasion de la présidentielle du 27 août, le ministère gabonais de l’Intérieur a annoncé le 31 août, la victoire du président sortant, Ali Bongo avec 49,80% des suffrages contre 48,23% pour son rival, Jean Ping. Des résultats contestés par le camp de Jean Ping. Ce qui a déclenché des émeutes dans le pays, ayant déjà officiellement fait cinq morts et des milliers d’arrestations. L’opposition et la communauté internationale (France, Union européenne, Etats, Nations unies) demandent le recomptage et la publication des résultats par bureau de vote. Les forces de l’ordre ont lancé l’assaut au QG de l’opposant Jean Ping. À cette heure, vingt-six leaders de l’opposition et de la société civile gabonaise sont toujours retenus et sous surveillance de la gendarmerie au QG de Jean Ping. Parmi lesquelles: l’ancien ministre Zacharie Myboto, président de l’Union nationale et l’ancien vice-président de la République, Didjob Ding Duvingui. Chantal Myboto, une personnalité politique de poids aurait aussi été arrêtée. Jean Ping, de son côté, se serait refugié dans un endroit secret. L’opposition clame que le président sortant lui a « volé la victoire ». Il s’en est suivi une nuit d’émeutes, l’incendie de l’Assemblée nationale, la mort de 5 émeutiers et l’arrestation de plus d’un millier de personnes, selon le ministère de l’Intérieur. La ville de Libreville et de Port-Gentil, respectivement la capitale administrative et capitale économique, sont toujours quadrillées par les forces de l’ordre. Les communications Internet ne sont irrégulières. L’écart entre les deux candidats ne représente que 5.594 voix, selon les chiffres de la Commission nationale gabonaise (Cenap), sur un total de 627.805 inscrits, pour une population totale de 1,8 million d’habitants. Ali Bongo doit sa réélection au Haut-Ogooué, où il aurait enregistré 95,46% de voix sur une participation de plus de 99%. Le camp de Jean Ping appuie qu’il détenait une avance de plus de 60 000 voix dans cette province avant les résultats officiels. Ali Bongo sous la pression de la communauté internationale La communauté internationale dans son ensemble appelle à l’arrêt des violences et à un nouveau comptage des votes du scrutin. C’est le cas de la France, des Etats-Unis, du Canada, de l’Union européenne (UE), la Francophonie, les Nations unies, demandent la publication des résultats de tous les bureaux de vote. Le président français, François Hollande, a appelé toutes les parties à la retenue et à l’apaisement, conscient de « la frustration du peuple gabonais, et des jeunes en particulier ». Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault a demandé, dans la foulée de l’UE, que les « résultats des élections soient donnés bureau par bureau », reconnaissant l’installation d’un « doute ». Candidat à la primaire de la droite et maire de Bordeaux, Alain Juppé a fait savoir qu’il était favorable à la proposition de l’Union européenne (UE), à savoir le recomptage et la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, appelant à un « engagement actif des institutions africaines dans la résolution des tensions ». « Les Gabonais doivent obtenir les garanties d'un processus électoral transparent, démocratique et incontestable, qui respecte leur choix souverain », a-t-il martelé. Réponse du camp du président gabonais à la communauté internationale « Nous faisons les élections en fonction de la loi gabonaise [elle prévoit la publication des résultats par région]. Les pressions internationales doivent tenir compte de la loi gabonaise: ce ne sont pas elles qui vont la changer », a déclaré Le porte-parole d'Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-Bye-Nze. Face aux injonctions de la communauté internationale, l’autre porte-parole d’Ali Bongo a appelé au respect de la souveraineté du Gabon : « nous avons aussi des suspicions sur trois provinces. A Bitam, Jean Ping a fait 104%. Des résultats des bureaux vont être publiés mais si l’on fait un recomptage national, on n’est pas sortis de l’auberge ». En ce qui concerne la responsabilité des émeutes, le président Ali Bongo la fait endossé à l’opposition rappelant : « les élections ont rendu leur verdict […] qui a perdu ? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon ». Des propos qui visent son rival, Jean Ping. Des rassemblements de la diaspora gabonaise s’organisent par le monde, « pour continuer à protester les résultats du scrutin de la présidentielle devant les représentations diplomatiques du pays ». Au ministère français de la Défense, on apprend que les 450 soldats français basés à Libreville sont toujours consignés dans leur QG, et que la France ne s’impliquera pas dans la crise post-électorale. Un diplomate rappelle que « tout ne se décide plus à Paris ». Les deux candidats ont leur soutien à Paris. Les rapports de force s’installent dans les coulisses. Le pire est à venir, malgré le calme précaire. Il revient aux deux camps, celui d’Ali Bongo et de Jean Ping à plus de sagesse dans les colonnes, de mettre fin aux gémissements de leurs populations ; et à la communauté internationale à rechercher de la justesse et la justice pour éviter une nouvelle poudrière en Afrique centrale. Noël Ndong Notification:Non |