Gastrone Banimba : « La Rubelle, ce jeu qui rend la rue belle »

Vendredi 15 Septembre 2023 - 14:11

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En créant ce nouveau sport dont les contours sont déjà dessinés, Gastrone Banimba, journaliste et acteur de développement multi casquettes, souhaite faire des rues congolaises le terrain de la salubrité dans un contexte de compétition et de challenge. Interview exclusive.

Les Dépêches du bassin du Congo (LDBC): Qu’est-ce que la Rubelle ?

Gastrone Banimba (GB):  La Rubelle est un sport collectif qui se joue entre deux équipes de 10 joueurs chacune. Le terrain de jeu est la rue. S’il faut dimensionner ses contours, il s’agit alors de le loger dans un rectangle de 50 mètres de long et 8 mètres de large. L’enjeu, c’est un ballon de quelques grammes que les joueurs ou joueuses doivent faire progresser vers les buts à l’aide exclusivement d’un balai. Les buts situés aux deux extrémités du terrain sont constitués par deux perches de petites tailles ; haut : 1,83 m ; 6cm de diamètre, réunies par une barre qui soutient un filet assujetti au sol en arrière du but, à 2,13m. Deux arbitres contrôlent les irrégularités parmi lesquelles figurent les tacles, le tirage de maillot, les coups du manche du balai sur des joueurs. Il est à noter que les tacles, le coup de poing et les gifles sont des fautes sanctionnées par un coup de gastrone (tir direct contre l’équipe fautive). Le coup de gastrone est exécuté à 25 mètres du but donc au centre du terrain. Les buts sont ouverts ; aucun joueur ne doit se placer sur la trajectoire du point du coup de gastrone jusqu’aux buts. Les antijeux tels que tenir le ballon avec ses mains ou le contrôle de la balle avec les pieds sont sifflés par l’arbitre qui les sanctionne par la remise du ballon à l’équipe adverse.

LDBC : combien de temps dure une partie de Rubelle ?

G.B : Une partie de Rubelle se joue en deux parties de 25 minutes chacune entrecoupées d’une pause (mi-temps de 10 minutes). Le terrain de la Rubelle ne doit pas comporter des saletés (papier et autres). Chaque équipe doit veiller à la propreté de sa partie de terrain. La présence d’un quelconque objet qui dénote de la saleté constatée par l’un des deux arbitres fait arrêter le cours du match pour permettre à chaque équipe de mettre le coup de balai dans son camp.

LDBC. Comment vous est venue l’idée de créer la Rubelle ?

G.B : les villes et villages mènent aujourd’hui une vraie guerre contre l’insalubrité. Les rues, les quartiers, les communautés vivent au quotidien la tragédie des conséquences des différentes infections et autres pandémies Dans les quartiers de Brazzaville, on peut voir des plaques avec des messages : « interdit de jeter les ordures ménagères sous peine d’amende » . Malgré la grande visibilité du message, les inciviques trouvent toujours l’occasion de poser leurs ordures à cet endroit, sinon ils en créent d’autres. Et souvent ces endroits finissent par devenir des décharges sauvages. Et ne figurant pas dans le schéma de « AVERDA », ces décharges restent là longtemps, indisposent les bonnes consciences, créent un vivier pour les moustiques. Fort de ce qui précède, le balai qui donne un mouvement aux ordures ménagères, chaque matin, sous l’action d’une personne, à l’image du bousier entrainant des excréments vers un lieu sûr, la force exercée par le balayeur et son habilité à ordonner les ordures, tout cela constitue un exercice physique. A la question, ces gestes qui peuvent différer d’un balayeur à un autre ne constituent-ils pas un jeu pouvant donner du plaisir à des spectateurs ! De là est venu le jeu qui rend la rue belle, donc : la Rubelle

LDBC. Pourquoi avoir appelé votre sport la Rubelle ?

G.B : C’est la finalité de ce sport, en la pratiquant les rues et avenues des villes et villages seront propres, disons belles. Il y a plus que ça : la pratique de ce sport va donner une autre culture aux adeptes, à savoir la culture de la propreté de leur milieu environnemental et partant, ils trouveront un intérêt dans les questions environnementales. La Rubelle s’annonce comme un sport à effet multiplicateur ; entre autres bénéficiaires, les fabricants de balais. La Rubelle  va booster la fabrication du balai.

LDBC. Est-ce que ce sport a déjà des adeptes ?

G.B : J’ai formulé les contours de ce sport, les règles du jeu et les objectifs etc... Il me reste à organiser le match de démonstration en bénéficiant d’une large couverture médiatique pour que le Congo et le monde entier s’approprient la Rubelle et puissent jouir des effets multiplicateurs que procure ce sport. Pour ce faire, j’ai demandé l’appui du gouvernement. Pour une meilleure réussite de cette phase de démonstration, je sollicite la participation des donateurs. Ils peuvent me contacter par le truchement de votre journal, car en publiant en exclusivité ce projet, vous devenez de facto notre partenaire.

Comme tout sport, la Rubelle porte un aspect politique : le volet politique est très visible dans la mesure où la Rubelle est née dans un contexte de lutte contre les changements climatiques, de lutte contre le paludisme, de lutte contre l’insalubrité environnementale. La Rubelle dans son volet politique est aussi la manifestation de notre soutien et notre encouragement au sommet des trois bassins : Amazonie-Bornéo-Congo dont les assises auront lieu à Brazzaville.

 

Propos recueillis par Christ Boka

Légendes et crédits photo : 

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