Golfe de Guinée : la lutte contre la piraterie progresse

Mercredi 7 Décembre 2022 - 10:11

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Malgré que les actes de piraterie en mer dans le golfe de Guinée ont continué de diminuer, depuis avril 2021, il est trop tôt pour en tirer la conclusion du déclin inexorable de ce fléau, a déclaré  une haute responsable de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Conseil de sécurité.

 

La piraterie rapporte chaque année près de deux milliards de dollars aux réseaux criminels impliqués, a indiqué la sous-secrétaire générale pour l’Afrique, Martha Ama Akyaa Pobee. « Davantage de patrouilles navales des États côtiers et le déploiement accru de navires par des partenaires internationaux ont été dissuasifs », a-t-elle expliqué.  Deux condamnations d’auteurs d’actes de piraterie et de vols au Nigeria ainsi qu'au Togo avaient également été comptées. Elle a appelé néanmoins à la vigilance, décrivant le passage de groupes de pirates au vol de pétrole, « une pratique moins risquée et plus profitable ».

Le code de Yaoundé

Dans ce contexte changeant, elle a appelé la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et celle de l’Afrique de l’Ouest ainsi que la Commission du golfe de Guinée (CGG) à renforcer leur coopération pour mettre en place un environnement sécurisé dans la région prévu par le code de conduite, dit « Code de Yaoundé », qui fêtera ses dix ans l’an prochain. L’adoption de ce code de conduite a débouché sur la création d’un mécanisme interrégional de sûreté maritime, appelé l’architecture de Yaoundé, visant à optimiser la coopération maritime dans l’ensemble du golfe de Guinée. La secrétaire exécutive de la CGG, Florentina Adenike Ukonga, a attiré l’attention sur le rôle, dans l’obtention des bons résultats ces derniers mois.  Au plan sécuritaire, la coopération entre le Centre et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a été saluée par la directrice exécutive de l’Office, Ghada Fathi Wali. Citant des raisons qui ont conduit au déclin de la piraterie maritime, comme la volonté politique des gouvernements de la région, un meilleur financement des agences maritimes, les plaidoyers actifs des organisations régionales, l’application de lois pénalisant la piraterie et les crimes commis en mer ou encore la coopération avec l’Union européenne (UE), Ghada Fathi Wali s’est toutefois refusée de crier victoire, soulignant la nécessité de profiter de l’élan actuel pour octroyer davantage de ressources à l’architecture de Yaoundé, y compris par le biais d’une assistance logistique et juridique accrue aux pays touchés.

Coopération sur le terrain

Les représentants de l’Union africaine (UA) et de l’UE ont exposé certaines des modalités de la coopération des organisations régionales sur le terrain. Ils ont rappelé la mise en œuvre du concept pilote de présence maritime coordonnée de l’UE dans le golfe de Guinée en janvier 2022. Nura Abdullahi Yakubu, responsable de la planification maritime pour l’UA, a indiqué qu’actuellement le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal participent à ce dispositif en engageant des ressources navales destinées notamment à maintenir « au moins un navire en permanence dans la région ». Silvio Gonzato, de l’UE, a, en outre, annoncé que l’Union envisage une mesure d’assistance dans le cadre de la facilité européenne pour la paix « afin de soutenir les acteurs militaires dans certains États côtiers ». 

En octobre dernier, des exercices maritimes de lutte contre la piraterie et la pêche illégale avaient couvert la zone allant du Sénégal à l’Angola, faisant participer dix-sept pays du golfe de Guinée et huit partenaires internationaux. Martha Ama Akyaa Pobee  a attiré l’attention sur l’importance de lutter contre les causes sous-jacentes du basculement dans la criminalité, comme le chômage de masse qui frappe la jeunesse des communautés côtières. Elle a salué les efforts entrepris par les pays d’Afrique centrale pour développer une « économie bleue » dans l’espace de la CEEAC, notant le renforcement de la coopération entre l’ONU et la Banque mondiale pour contrer les facteurs de précarité et améliorer l’accès aux services publics de base de ces communautés. Elle a aussi insisté sur le fait que la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée « nécessite une approche globale et à long terme similaire au cadre de réalisation des objectifs de développement durable ».

Noël Ndong

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