Haïti : la moitié de la population confrontée à une insécurité alimentaire aiguë

Mercredi 2 Octobre 2024 - 15:40

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Le nombre de personnes confrontées à une faim aiguë en Haïti atteint désormais la moitié de la population du pays, alors que le Conseil de sécurité a décidé de prolonger la Mission multinationale d’appui à  la sécurité (MMAS) pour aider la police haïtienne à faire face à la violence des gangs.

Selon la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), Haïti continue de faire face à une crise sécuritaire importante, 5,4 millions de personnes luttant pour se nourrir et nourrir leur famille chaque jour, ce qui représente l’une des proportions les plus élevées de personnes en insécurité alimentaire aiguë dans le monde, a souligné le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué. Parmi elles, deux millions sont aux prises avec des niveaux de faim d’urgence (IPC Phase 4), confrontées à des pénuries alimentaires extrêmes, à une malnutrition aiguë et à des niveaux élevés de maladies. Au moins 6 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays vivant dans des abris temporaires à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, après avoir fui leurs domiciles sont désormais confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire (IPC Phase 5), selon le dernier rapport de l’IPC.

« Il ne peut y avoir de sécurité ni de stabilité en Haïti alors que des millions de personnes sont confrontées à la faim », a déclaré la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain. Les agences humanitaires et les ONG alimentaires en Haïti ont besoin de 230 millions de dollars pour mettre en œuvre des programmes jusqu’à la fin de l’année. Elles continuent de rencontrer des difficultés pour accéder aux communautés vivant dans des zones contrôlées par des gangs. Les attaques violentes et les combats liés aux gangs ont augmenté à Port-au-Prince début 2024, forçant les opérations de transport maritime et aéroportuaire à s'arrêter temporairement. Des centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur domicile en quête de sécurité. Au moins 3 661 personnes ont été tuées depuis janvier de cette année. Le PAM a aidé 1,35 million de personnes dans tout le pays jusqu'à présent en 2024. Les gangs contrôlent la majeure partie de la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

La Mission multinationale d’appui à la sécurité prolongée

De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité, une résolution par laquelle il proroge jusqu’au 2 octobre 2025 le mandat confié à la MMAS dirigée par le Kenya. Un  premier contingent d'environ 400 policiers kenyans a été déployé fin juin pour appuyer la Police nationale d’Haïti à affronter la violence des gangs. Un second contingent kenyan de 200 policiers est arrivé mi-juillet et en septembre des policiers de la Jamaïque ont été déployés. D’autres pays ont promis d’envoyer des policiers (Bahamas, Bangladesh, Barbade, Belize, Bénin, Tchad). Au total, la Mission doit compter environ 2 500 officiers de police. Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la situation en Haïti, « s’agissant notamment de la violence, des activités criminelles et des déplacements massifs d’Haïtiens ». Il réaffirme « la nécessité de continuer de mener un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens qui permette la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et régulières » et rappelle le mandat de la Mission multinationale, qui consiste à créer les conditions de sécurité propices à leur tenue.

 

Noël Ndong

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