Halte !

Ce que les pays dits « émergents », tout particulièrement les pays africains, devraient dire aujourd’hui à haute et intelligible voix, c’est qu’ils n’accepteront pas de voir une nouvelle fois les puissances de l’hémisphère nord mettre en péril la paix du monde. Rassemblant les trois quarts de l’humanité, ils sont, en effet, très bien placés pour mettre en garde l’Europe, la Russie, les États-Unis contre les dangers que génère leur affrontement à propos de l’Ukraine. Leur dire aussi que si ces « grands » poursuivent sur la voie suicidaire dans laquelle ils se sont engagés, eux-mêmes constitueront un front diplomatique uni afin d’empêcher une nouvelle « guerre froide » dont les conséquences seraient à coup sûr terribles.

Alors que ces mêmes pays de l’hémisphère nord commémorent à grand fracas les guerres qui mirent par deux fois la planète à feu et à sang, il est urgent, indispensable, vital même, de leur rappeler qu’à l’origine de ces drames se trouvèrent leur arrogance, leur aveuglement, leur incapacité à prévoir l’avenir, leur égoïsme, leur négation de l’autre, leur refus de la réalité.

En  agissant comme ils le font aujourd’hui afin d’affaiblir la Russie en intégrant l’Ukraine dans leur camp, les Occidentaux contraignent Moscou à riposter de la façon la plus dure, la plus intransigeante. Ils aggravent, ce faisant, l’erreur historique commise il y a vingt ans lorsqu’ils profitèrent de l’effondrement du communisme à l’Est pour intégrer dans la communauté européenne, en formation, les anciens satellites de l’URSS. Ce qui eut comme conséquence de faire de l’Union européenne un nain politique soumis aux intérêts stratégiques des États-Unis. Fait plus grave encore, ils obligent la Russie à employer les moyens les plus extrêmes afin de protéger son territoire contre la réédition des agressions venues de l’Ouest qui pourraient coûter à nouveau la vie à des dizaines de millions d’innocents.

Alors que les « Grands » s’avèrent une nouvelle fois incapables de s’asseoir autour d’une table afin de parler calmement de ces problèmes, c’est bien le Tiers-monde et lui seul qui peut amener les belligérants – car c’est bien d’une guerre larvée qu’il s’agit – à regarder la vérité en face. Il suffirait qu’il s’accorde pour parler d’une même voix et jeter tout son poids humain, politique, économique, culturel dans la balance. Ses dirigeants le comprendront-ils avant qu’il soit trop tard ?