Intégration régionale : La BAD publie son rapport 2014 sur le développement en AfriqueMercredi 17 Décembre 2014 - 15:15 La Banque africaine de développement (BAD), qui fête cette année son 50e anniversaire, a rendu public mardi 16 décembre à Abidjan, son rapport annuel sur le développement en Afrique. Cette année la vénérable institution continentale de développement qui a retrouvé son siège statutaire d’Abidjan après ses 11 ans passés à Tunis, s’est intéressée à l’intégration régionale comme levier de croissance. Selon la BAD, bien que le contexte mondial se soit profondément transformé depuis les années 60 et l’accession des nations africaines à l’indépendance, l’objectif de l’intégration régionale reste « un pilier pertinent pour le développement de l’Afrique ». En effet, près de 25% des pays africains sont enclavés et nombre d’entre eux ont « un marché intérieur étroit et fragmenté » selon le rapport. L’intégration régionale est donc essentielle afin de pouvoir réaliser les économies d’échelles nécessaires pour accéder aux marchés de capitaux et aux investissements directs étrangers. Elle permet également aux différents pays d’unir leurs ressources pour réaliser de grands projets d’infrastructures en matière de transports, de TIC ou d’énergie. Le commerce intra-régional peut être en outre, d’après l’étude de la BAD, « un moteur important de croissance à la base de l’émergence d’un secteur manufacturier et de la diversification économique ». La migration régionale peut également constituer un atout pour l’Afrique. Pour la BAD, « l’Afrique connaît une plus grande migration annuelle des populations que de nombreuses autres régions du monde ». Cette migration inter-africaine souvent « ni recensée, ni formelle » se fait principalement vers les régions limitrophes du pays d’origine des migrants. Jadis principalement motivée par les conflits, le changement climatique et la forte croissance démographique continentale sont désormais les principaux moteurs de la migration. « Une approche fondée sur une coalition des pays volontaires doit être encouragée pour faire progresser la gestion de la migration régionale, plutôt qu’une approche qui s’appuie simplement sur un contrôle de l’immigration », propose le rapport. Cette mobilité coordonnée des hommes et des compétences peut également selon la Banque, améliorer la compétitivité de l’Afrique en permettant « aux Africains de pouvoir trouver un emploi sur l’ensemble du continent, palliant ainsi aux déficits de main d’œuvre et de compétences entre les pays ». Dans le domaine financier, le rapport note qu’il serait particulièrement profitable pour l’Afrique de développer les activités bancaires transfrontalières et des marchés de capitaux afin de palier à l’étroitesse et au manque de profondeur des marchés sur le continent. Enfin, en ce qui concerne la production de biens et de services, si d’après la BAD l’Afrique ne peut encore, compte tenu du stade de développement qui est le sien, profiter pleinement de l’intégration aux chaînes de valeur mondiale, elle aurait tout à gagner au niveau régional. « L’intégration aux chaînes de valeur régionales est en train de devenir un objectif plus réaliste », relève l’étude, citant en exemple de réussite les chaînes régionales d’approvisionnement, de commerce de détail et de vente alimentaire. Les réticences à transférer une partie de la souveraineté nationale à des organismes régionaux seraient, selon la Banque, un des principaux freins à une intégration effective. « Le fait que l’intégration régionale soit discutée et planifiée à l’échelle régionale alors que sa mise en œuvre se fait à l’échelle nationale entraîne des situations délicates comme par exemple, demander aux parlements de céder une partie de la souveraineté nationale sur les questions commerciales », constate le rapport. Pour la BAD, l’absence de sanction accompagnant la non-transcription dans les politiques nationales des décisions prises au niveau régional vient encore renforcer la lenteur de l’intégration régionale. En revanche, l’appartenance des pays africains à plusieurs communautés économiques régionales loin d’être « un obstacle majeur à l’avancement du programme d’intégration », serait bénéfique dans la mesure où « les Etats membres peuvent bénéficier des programmes d’intégration offerts dans chaque communauté économique régionale ». Rose-Marie Bouboutou |