Intégration : trois blocs économiques lancent un marché commun

Samedi 16 Janvier 2016 - 12:27

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Trois blocs économiques, la Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) et l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est),  soit 26 pays, pesant   plus de 625 millions d’habitants et 1 000 milliards de dollars de Pib (900 milliards d’euros) vont lancer en juin au plus tard, un marché commun de libre-échange, a indiqué le ministre sud-africain du Commerce et de l’industrie, Rob Davies.

Devant les députés sud-africains, le ministre Rob Davies a déclaré : « la zone de libre-échange regroupant les pays membres de ces trois blocs économiques (Comesa, SADC et L'EAC), qui sera lancée lors d’un sommet prévu le mois prochain à Charm al-Cheikh, sera un signal que nous sommes sur la bonne voie pour créer un marché de plus de 600 millions de personnes ».

Il a aussi indiqué que de nouvelles négociations seront lancées au plus tard en juin pour la création d’une zone de libre-échange africaine regroupant l’ensemble des 54 pays du continent, soit un marché de 1,3 milliard d’individus avec un Pib combiné de plus de 2000 milliards de dollars.

Près de la moitié des pays africains (26) ont signé à Charm El-Cheik en Égypte en juin 2015, un traité de libre-échange, qui englobe la moitié orientale du continent et doit faciliter la circulation des biens et des marchandises.  

Les discussions relatives à la création d’un marché commun de libre-échange regroupant les trois blocs économiques ont été entamées en 2008 lors d’un sommet de Kampala (Ouganda), suivi du sommet de Johannesburg (Afrique du Sud) en juin 2011, qui avait déclenché le  processus de négociations relatives à la création de cette zone de libre-échange. .

Le président sud-africain Jacob Zuma, avait évoqué en février 2014,  d’« énormes progrès» dans les négociations visant à créer une zone de libre-échange regroupant les trois blocs. Il ne restera plus que l’intégration régionale et la zone de libre-échange de l’Afrique centrale à créer.

Contrairement à l’Asie et à l’Europe dont la majorité des pays commercent généralement entre eux, les pays africains souffrent toujours de lenteurs aux frontières, formalités de douane et coûts de commerce plus importants qu’ailleurs.

En outre, le manque d’industries locales (plus de 80% de la main d’œuvre en Afrique travaille dans l’agriculture vivrière et le secteur informel- limitent souvent les possibilités d’import-export. Les 15 pays d’Afrique de l’Ouest ont été les premiers à signer un accord de libre-échange entré en vigueur au début de l’année 2015. Avec le traité « Tripartite », l’autre moitié du continent marque à son tour sa volonté de marcher vers l’intégration.

L’objectif est de mettre en place un cadre pour aller vers des tarifs douaniers préférentiels, facilitant ainsi la circulation des biens et des marchandises. Le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim a estimé que la Tripartite allait permettre à l’Afrique « de faire d’énormes progrès et à tout le continent d’aller de l’avant ». « L’Afrique a clairement dit qu’elle était ouverte aux affaires », a-t-il ajouté.

Du Cap au Caire, selon le mot de l’homme politique et magnat minier britannique Cecil Rhodes au 19e siècle, la «Tripartite» englobera l’Afrique du Sud et l’Égypte, les deux économies les plus développées du continent, ainsi que des pays dynamiques comme l’Éthiopie, l’Angola, le Mozambique et le Kenya. Mais pas le Nigeria, premier Pib d’Afrique notamment grâce au pétrole.

Il faut dire que la création d’un marché commun en Afrique a toujours constitué l’un des objectifs à visée économique des dirigeants de l’OUA d’abord, de l’Union Africaine ensuite. A titre de rappel, il existe en Afrique de nombreux projets d’union monétaire, notamment dans le cadre des ensembles économiques multinationaux : la CAE, le Comesa, la SADC et la Cédéao, avec la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO).

Il y a également un projet à plus long terme de création d’une monnaie unique africaine (projet de l’UA pour les 54 États du continent). Le projet le plus avancé est celui de la CAE. La ratification d’un Protocole d’union monétaire, le 30 novembre 2013, par les pays de la CAE - Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie- représentait déjà une étape importante dans leur processus d’intégration régionale.

Ce Protocole, s’inspirant notamment de l’expérience européenne, détaille l’échéancier ainsi que les critères de convergence à respecter en vue d’établir une union monétaire en 2024. Dans cette perspective, le marché commun de cette zone aurait dû connaître une entrée en vigueur en 2015 - aujourd’hui retardée -, suivie d’une harmonisation des politiques monétaires et fiscales nationales à l’horizon 2018, afin de faciliter l’instauration en 2024 d’une banque centrale commune et de la monnaie unique de cette communauté économique qui compte actuellement 145 millions d’habitants et dont le PIB dépasse 100 milliards de dollars.

Les pays concernés par le marché commun :  Burundi, Egypte, Ethiopie, Libye, Malawi, Rwanda, Soudan, Ouganda, Zimbabwe, République démocratique du Congo, Djibouti, Erythrée, Kenya, Madagascar, Île Maurice, Seychelles, Swaziland, Zambie, Tanzanie, Angola, Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie, Comores.

Noël Ndong

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