Interview : Bérile Nzila: « J’ai démontré l’apport du numérique dans les industries culturelles et créatives »Vendredi 4 Novembre 2022 - 10:58 Les Industries culturelles et créatives (ICC) sont l’ensemble des secteurs qui s’articulent autour de la création, la production, la distribution et la commercialisation des biens culturels. Elles contribuent à créer de l’économie ou de la richesse, voire un bénéfice dans son ensemble. Bérile Nzila, label manager Believe France et consultant de la gestion des ICC, dans un entretien avec notre rédaction, parle de l’apport du numérique dans ces industries.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Dans le cadre des ICC, vous avez pris part à la foire culturelle et créative qui a eu lieu récemment à Brazzaville. Quel a été votre apport ? Bérile Nzila (B.N): Pendant ma communication, j’ai démontré l’apport du numérique dans les ICC, qui est celui de son impact économique, de son influence sur le social des consommateurs (...) Aujourd’hui, nous parlons de la Data prescription qui est une consommation orientée par l’internet, les réseaux sociaux, par tout ce qui intéresse ou oriente la consommation des individus. Je prends le cas du titre "Bo koko" de Roga Roga qui connaît un succès fulgurant et planétaire. Nous avons constaté qu’avant l’entrée de l’artiste en studio, il y a eu une boucle de cette chanson sur les réseaux sociaux et qui a commencé à connaître un succès. C’est à la suite de cela qu’il est allé en studio pour finalement l’enregistrer et le mettre sur le marché du disque. Dans cette prescription, il y a un succès qui est déjà connu, et cela définit la suite de votre bien culturel du point de vue de son appréciation par le public. Parce que dans le domaine des ICC, nous obéissons à la loi du caractère aléatoire qu’est l’offre. Actuellement, la Data prescription oriente la consommation. Elle pousse la population à écouter un produit et à être à son attente. L.D.B.C. : Les gens s’y intéressent-ils vraiment au Congo? B.N. : Effectivement. Aujourd’hui, la Data prescription c’est la tendance qui marche. Au recensement de l’ensemble des titres à succès planétaire, vous allez vous rendre compte que les réseaux sociaux ont eu un impact considérable dans le rayonnement d’un titre. Il y a quelques mois, nous avons entendu parler de "Jerusalema" du Sud-Africain Master G. A côté de cela, il y a des titres qui ont fait du succès mais que nous, en tant que Congolais, n’avons pas pu avoir accès mais qui nous sont arrivés grâce aux réseaux sociaux, notamment Tik-tok, Youtube… Aujourd’hui, Tik-tok est un véritable élément de Data prescription. Et les différents challenges qui se font via Tik-tok influencent et orientent la consommation. Je peux dire que les Congolais sont donc orientés petit-à-petit vers cela. L.D.B.C. : Peut-on se permettre de dire que les Data prescriptions sont indispensables pour les artistes musiciens ? B.N. : Oui. Parce que les Datas prescriptions sont repartis sur plusieurs facettes. La première peut être celle des réseaux sociaux. La deuxième, la Data prescription, peut passer de bouche à oreille et se retrouver sur internet. Nous avons, par exemple, des informations véhiculées au niveau des cités, mais il y a quelqu’un qui les prend et les met sur internet. La troisième, la Data prescription, ce sont plutôt les influenceurs que sont les Youtubeurs, Tiktokeurs… qui ont un mot à dire sur la toile et qui peuvent influencer la consommation d’un titre. Il n’y a pas mal d’artistes qui utilisent ces influenceurs, dont le plus connu est le général Makosso que les Congolais connaissent beaucoup sur les réseaux sociaux à cause de ses nombreux scandales. L.D.B.C. : Pour terminer… B.N. : Il faut emmener la population congolaise à comprendre l’intérêt du numérique dans le développement de la culture de notre pays, et interpeller les politiques. Ce qui est bien, c’est que nous avons aujourd'hui Lydie Pongault, ministre des Industries culturelles, qui doit maîtriser cet aspect très capital. Le numérique peut accompagner ces industries culturelles pour entrer dans cette démarche de création de richesse, de bénéfice, car il est une belle opportunité à toute une économie qu’il faudrait faire bénéficier au secteur de la culture, en mettant en place une stratégie pour aller chercher ces opportunités, ces revenus qui sont logés, de nos jours, dans le numérique et qu’il faut générer dans l’économie congolaise.
Propos recueillis par Achille Tchikabaka Légendes et crédits photo :Bérile Nzila Notification:Non |