La Libye, aux portes de l’Italie, se transforme-t-elle en sanctuaire terroriste ?Mercredi 2 Décembre 2015 - 18:35 La population libyenne résiste à l’installation de l’Etat islamique, mais celui-ci maintient une forte pression, selon un rapport de l’ONU. L’histoire et la géographie font de la Libye un pays dont les évolutions de la situation interne ont forcément des répercussions en Italie. La péninsule italienne n’est qu’à 300 km des côtes libyennes (la distance de Brazzaville à Nkayi), et c’est vers elle que se sont dirigées, en masse, les embarcations de fortune transportant, pendant la belle saison, les milliers de clandestins, tentant d’entrer en Europe. Et à plusieurs reprises le mouvement extrémiste de l’Etat islamique a menacé Rome (et le Vatican) d’attaque. Or, un rapport de l’ONU souligne que l’Etat islamique (EI) ne cesse de se renforcer à Syrte, la ville natale de Kadhafi, devenue son fief en Libye. Combattants et combattants étrangers ainsi que nouvelles recrues, les fameux « foreign fighters », y affluent pour y conduire la guerre sainte. Jusqu’ici, cette caractéristique n’était réservée qu’à l’Irak et surtout à la Syrie où le mouvement a gagné des pans de territoire et mené aussi ses opérations les plus spectaculaires, notamment les décapitations des victimes occidentales devant caméras. Les experts de l'ONU soulignent toutefois que l'EI fait face à une forte résistance de la population en Libye, opposée à l’installation, chez elle, d’un mouvement que précède « l’aura » de la cruauté de son engagement. Profitant du chaos qui règne dans ce pays avec des combats meurtriers entre milices rivales et deux gouvernements, se disputant le pouvoir, le groupe ultra-radical a implanté en février sa base à Syrte, sur le bord de la Méditerranée, à 450 km de la capitale Tripoli. Syrte est plus éloignée de la capitale libyenne que de la première ville européenne ! « Syrte est désormais le centre où les nouvelles recrues sont formées et initiées à l'idéologie de l'EI », a déclaré, à la presse, le commandant Mohamed Hijazi, porte-parole de l'armée du gouvernement reconnu, dirigée par le colonel Khalifa Haftar. « Des centaines de combattants étrangers affluent de Tunisie, du Soudan, du Yémen mais également du Nigeria pour être formés et prêts à mener des attentats dans d'autres pays », affirme un autre officier de haut rang. Il apparaît évident que pour Boko Haram, venir du Nigéria vers « l’école » de Syrte est plus bénéfique que faire le long déplacement vers les bases d’entraînement terroristes au Yémen ou en Syrie. Au ministère libyen des Affaires étrangères on évalue le nombre des combattants recrutés à Syrte « à plusieurs milliers ». Un chiffre que les autorités libyennes disent appelé à augmenter « dans le contexte des pressions que le groupe subit en Syrie et en Irak ». Un autre responsable du gouvernement libyen indique que « les frappes contre (l’Etat islamique en Irak et en Syrie) pourraient le pousser à transférer ses chefs et des centres de commandements vers la Libye ». Le problème serait ainsi déplacé aux portes de l’Europe, et donc de l’Italie, avec des conséquences imprévisibles dans un contexte où tout le monde a récemment en mémoire les sanglants attentats de Paris, de Tunis et de Bamako. L'ONU évaluerait le nombre de combattants locaux de l'EI entre 2.000 et 3.000, dont 1.500 à Syrte. Rappelons que la Libye a été une éphémère colonie italienne à partir de 1912 jusqu’à la deuxième Guerre mondiale de 1940, sous le dictateur Mussolini. La Libye italienne sera envahie par les forces alliées durant cette guerre qui prend fin en 1945 et voit, en 1951, la déclaration libyenne d’indépendance. Le pays devient une monarchie. L’expérience durera 18 ans, jusqu’à ce que le colonel Mouammar Kadhafi renverse le roi Idris 1er et instaure une République arabe libyenne qui deviendra la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. Kadhafi sera assassiné en 2011, à la faveur d’un soulèvement populaire soutenu par une partie de l’Occident, l’Italie ne se ralliant aux frappes occidentales qu’en traînant les pieds. Lucien Mpama Notification:Non |