Le réfugié africain en Italie a de plus en plus la figure d’un enfant

Jeudi 16 Juin 2016 - 17:03

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De plus en plus d’enfants africains, souvent non-accompagnés, arrivent au port italien de Lampedusa dans les flux des migrants clandestins.

Les images se suivent et se ressemblent : qu’il s’agisse du nombre des migrants noyés, de ceux qui finissent dans les griffes des trafiquants ou des djihadistes, on compte parmi eux un nombre élevé de mineurs africains. La semaine dernière, les corps desséchés de 34 migrants morts de soif ont été retrouvés dans le désert nigérien, à la frontière de l’Algérie. Parmi eux, on a compté une vingtaine de cadavres d’enfants. En Italie où ils arrivent, quand ils arrivent, l’Unicef indique que depuis le début de cette année ce sont 7.009 enfants qui ont tenté la traversée de la mer Méditerranée et que 9 sur 10 étaient des mineurs africains non-accompagnés !

Or, indique également de son côté, l’Organisation internationale des migrations (OIM), que depuis le 1er janvier, 2.859 personnes sont mortes noyées en Méditerranée, dont un grand nombre d'enfants, alors que pour toute l'année 2015, ce chiffre était de 3.770. On voit d’ici l’hécatombe, mais on mesure aussi le degré de désespoir de parents contraints de confier leurs progénitures à la fantaisie payante de quelques passeurs, ou à un groupe de téméraires qui auront déjà suffisamment à faire pour sauver leurs propres vies en cas de danger.

Par un hasard, sans doute voulu, le 16 juin marque aussi bien la Journée du réfugié que la Journée de l’enfant africain qui se célèbre cette année sur le thème : « Conflits et crises en Afrique, protégeons les droits des enfants ».Assurément un vœu pieux, au regard des files d’enfants dans les centres d’accueil en Italie qui, pourtant n'est pas le seul pays d’arrivées des migrants en Europe, même si c’est la destination privilégiée de ceux qui opèrent la traversée à partir des côtes libyennes.

L’organisation humanitaire de fondation italienne, AMREF (African Medical and Research Foundation), surtout active en Afrique de l’Est (Ethiopie, Kenya, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Somalie et Soudan), a diffusé des chiffres effroyables  dans le domaine de la santé. Ils indiquent que sur ce terrain aussi les enfants africains paient un lourd tribut dans les épidémies, puisque l’an dernier, 5 enfants de moins de 5 ans perdaient la vie… par minute ! « Les pays africains doivent augmenter leurs contributions aux dépenses de santé, surtout pour les enfants. Cela peut commencer dans le village le plus petit et s’étendre aux communautés plus grandes et aux gouvernements locaux, dans le cadre d’une assistance sanitaire et sociale ». Une évidence qui ne l’est évidemment pas sur le terrain.

En Italie, l’action en faveur des enfants migrants, peut aussi compter sur le bénévolat d’Eglise stimulé par la volonté d’un pape né de migrants italiens en Argentine, et donc très sensibles à la question des migrations et des déchirements des départs. Jeudi, recevant au Vatican des gens de foire et des amuseurs publics, il a de nouveau demandé aux églises de Rome, d’Italie et du monde, de ne pas fermer leurs portes aux migrants et aux itinérants. « Je recommande à toutes les Eglises particulières et aux paroisses d’être attentives aux besoins et aux nécessités des itinérants », a dit le pape François au cours d’une audience rassemblant quelques 7000 forains et jongleurs venus au Vatican pour le jubilé de la Miséricorde voulu par le Saint-Père.

Déjà samedi, le chef de l’Eglise catholique avait vigoureusement tancé les curés et responsables de paroisses qui ferment leurs portes d’église aux gens différents : handicapés, malades et étrangers. Répondant à une personne venue prendre part au jubilé des malades, le pape a avait indiqué dans un propos improvisé: « A un prêtre qui n'accueille pas tout le monde, je lui dis "Ferme ta porte" ,s'il te plait. Car dans l'Eglise catholique, c'est tout le monde ou personne ».

Lucien Mpama

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