Les immortelles chansons d’Afrique : « Emilie molangi » d'Ignace MakirimbiaJeudi 19 Janvier 2023 - 18:45 Percussionniste de premier rang dans plusieurs orchestres, Ignace Makirimbia avait un style dont lui seul détenait le secret. Son titre « Emilie molangi » mérite d’occuper une place de choix dans le patrimoine immatériel du Congo. C’est au sein de l’orchestre Bella Bella qu’Ignace Makirimbia composera son merveilleux morceau sur la face B du disque 45 tours paru sous le label Victoria dont la référence est No 106. « Emilie molangi » est une chanson dans laquelle il avoue ses sentiments à l’égard de la belle Emilie. A travers cette mélopée, il s’érige en sociologue, dépeint différentes formes d’amour. Il en a distingué quatre: l’amour ayant pour base l’argent, les fétiches, les paroles et la sincérité du cœur. L’artiste adhère au dernier type d’amour. « Emilie, ebongi toyokana, Emilie ozali nanu mwana kowelaka te bisengo bisilaka te », autrement dit: « Emilie, nous devons nous entendre car tu es encore jeune. Ne te presse pas de courir après les jouissances de la vie qui ne finiront jamais ». Dans la première strophe, l’exécution de la guitare solo marque l’inter chant, tandis que dans la seconde, l’inter chant est dominé par une section cuivre. La beauté de cette œuvre réside sur son bridge. Ici, le saxophone et la guitare solo s’unissent pendant un moment. Ensuite, le saxophone laisse la place à la guitare solo qui s’exprime seule. Pendant ce temps, Makirimbia, secondé par la guitare basse, est percutant dans sa manière d’exécuter la tumba. Il me confia, lors d’un entretien, que ses tumbas et ses congas véhiculaient des messages dont il était capable de comprendre. Né en 1944, Ignace Makirimbia fait ses débuts dans la musique traditionnelle avant d’intégrer l’orchestre Orphée jazz. En 1968, avec Mangwana et Guvano, il participe à la création de l’orchestre Festival des maquisards. Il est au début de Bella Bella aux éditions la Musette de Lukelo. En 1971, il est à la fondation de l’orchestre Continental dans lequel il composera « Buku ». En 1981, il joue dans l’abum « Tshiambuala bloqué zingué » de l’International Rumbayas, paru sous le label de Musiclub. En 1983, il recidive avec Loko Massengo dans l’album « Bloqué zingué ». Ensuite, il participera dans l’album « Toilette » du Tropical Fiesta de Bangui. En 1994, alors que Michel Boyibanda fait son retour dans les Bantous de la capitale, il est recruté dans ce même orchestre et fera partie des seize artistes qui effectueront un voyage à Ouesso, en mai de la même année. Avec les Bantous, il composera « Ibe ». Le 8 mars 1997, il est suspendu avec Kabako et Joseph Ouannabo. En 2000, après un retour de courte durée, il intègre Bana Poto Poto qu’il quittera en 2012 pour s’installer définitivement dans les Bantous jusqu’à sa mort le 23 décembre 2022, à Kinshasa. Il repose désormais au cimetière privé Bouka de Kintélé, à Brazzaville, en République du Congo. Frédéric Mafina Légendes et crédits photo : Ignace Makirimbia Notification:Non |