Les souvenirs de la musique congolaise : de Negro band a Negro band à tout casser (fin)

Jeudi 19 Janvier 2023 - 18:40

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Au cours des décennies 1960 et 1970, l’emblématique orchestre Négro band à tout casser atteint le summum de la gloire dans le gotha musical des deux rives du fleuve Congo. Les week-ends, Congo-Bar, situé sur l’avenue de la Paix où est érigé l’actuelle BCI, en face du marché Moungali (local du Négro band), était pris d’assaut par les mélomanes et ambianceurs de Brazzaville ainsi que ceux en provenance de Kinshasa, amoureux de la belle rumba "Odemba", dite rumba lourde produite par cet orchestre.

Le cri « A tout casser » était sur toutes les lèvres des fanatiques. Depuis la création de Negro band en 1958, Max Massengo était son âme et son corps. On l’appelait "le chef des chefs", grâce à son dynamisme et son savoir-faire. Il se rendait plusieurs fois en Europe, ramenant chaque fois des disques, des instruments de musique et tenues vestimentaires du groupe. Malgré tous les efforts déployés par ce chef des chefs, le début de la décennie 1970 sera désastreuse, l’orchestre connaîtra des scissions et des départs qui l’affaiblissent.

En effet, en 1973, une frange des musiciens fait défection et crée l’orchestre dénommé Masano, au départ, puis Masano Rebelles, plus tard, frange composée de Démond Kasanaud, Lily Ngema, Toumba Dia Mahoungou Major, Pierrot, Terdzief, Loussaint Loussala, sans oublier le com-back de Michel Boyiband de l’Ok Jazz.

Pour se maintenir sur l’orbite musical brazzavillois, le chef des chefs crée l’orchestre Mbunzila, dénomination de l’une de ses titres des années 1960, « Mbunzila kambo ka ntambwa ko ». Mbunzila, mot de la langue kongo qui signifie arbuste que les chasseurs utilisent pour la fabrication des pièges et que certains chasseurs sous-estiment l’efficacité. Dans cette chanson, Max Massengo relate l’histoire d’une femme infidèle qui, après avoir désavoué et dénigré publiquement son mari, retourne chez ses parents. Désormais libre, elle vivote, redoutant de basculer dans la prostitution, reconsidère sa position et décide de regagner le foyer conjugal. Son mari l’accueille triomphalement en lui disant « pourquoi reviens-tu ? Il paraît que je suis un incapable, un indigent et sans ressources ».

« Nzoto ekoma mbonda » de Maurice Mbongolo et « Atterrissage forcé » de Jean Sakoul Kinanga sont deux titres flamboyants que l'orchestre Mbunzila lancés sur le marché du disque brazzavillois, orchestre qui sombrera plus tard suite à des défections.

Après une période de vaches maigres, le chef des chefs va essayer de faire revivre le Négro band en compagnie de Michel Boyibanda, autre cofondateur de cet orchestre qui a connu des moments de gloire. La duplication de leurs anciennes œuvres sera la première étape de la résurrection du Négro band, mais contre toute attente, Rigobert Max Massengo, le sphinx, tirera sa révérence le 27 juin 2014.

Ainsi, la fin de l’épopée de la belle histoire de Négro band à tout casser, cet orchestre qui arriva sur la scène musicale congolaise pour casser, briser le succès et le mythe qui entouraient certains orchestres de la place.

Auguste-Ken Nkenkela

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