Libye : une réunion à Genève pour faire taire les armesMercredi 14 Janvier 2015 - 10:37 Les négociations visant à mettre fin aux combats entre factions rivales en Libye s’ouvrent le mercredi 14 janvier à Genève en Suisse, ont annoncé les Nations unies. Organisée à l’initiative de Bernardino Leon, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, cette rencontre qualifiée par la diplomatie européenne de réunion de la dernière chance, vise à mettre en place un gouvernement d’union nationale et à faire taire les armes. En attendant la suite qui sera donnée à ces pourparlers de paix, certains observateurs s’accordent pour dire qu’il y a peu de chance que les choses changent sur le terrain tant le pays est éclaté entre milices tribales qui se déchirent pour le pouvoir et le pétrole. Ils avancent que ces pourparlers de Genève auront du mal à aboutir puisque le gouvernement reconnu par la communauté internationale a profité récemment lors d’une réunion de la Ligue arabe pour exhorter les Occidentaux à lui fournir des armes pour combattre les islamistes. Et tout dernièrement, le Premier ministre libyen Abdallah al-Thenni a exhorté la communauté internationale à accroître son soutien à son pays, notamment militaire, pour combattre la menace grandissante des djihadistes. « La communauté internationale mène une offensive contre les djihadistes de l’État islamique en Syrie et en Irak, mais en Libye, seul l’État avec l’armée combat les groupes terroristes et il ne reçoit aucune aide », a déploré al-Thenni. Le Premier ministre a affirmé qu’il est de son devoir « d’imposer par tous les moyens la légitimité de son gouvernement sur le terrain et de protéger la population contre les groupes terroristes » qui opèrent l’est, où de puissantes milices se sont implantés « Nous craignons une infiltration en Libye des membres de l’Etat islamique si l’étau se resserre autour d’eux en Syrie et en Irak en raison des frappes de la coalition anti djihadistes » a-t-il indiqué. Pour combattre cette menace, le chef du gouvernement a appelé la communauté à fournir une assistance à l’armée et aux institutions du gouvernement et à lever l’embargo sur les armes, imposé par l’ONU depuis 2011. Devant toutes ces raisons, les forces de l’Aube libyenne, qui tiennent la capitale Tripoli depuis août, veulent repousser à dimanche leur décision sur leur participation à ces négociations, organisées par l’envoyé spécial de l’ONU. « Nous avons donc décidé de repousser à dimanche notre vote sur notre éventuelle participation (…). Nous ne rejetons pas le dialogue mais nous estimons que les Nations unies sont allées trop vite pour fixer le calendrier de ce dialogue et son mécanisme », a déclaré Omar Hmaidan, porte-parole du Congrès général national (CGN), l’ancien Parlement rétabli par les miliciens de l’Aube libyenne à Tripoli. Pour Abdoulkader Houaili, membre du CGN, ces pourparlers seraient de toute façon indirects, au moins dans un premier temps puisque « les deux parties ne se reconnaissent pas mutuellement ». « En fonction de ce qui se passera lors des premiers contacts indirects, a-t-il poursuivi, nous verrons si des négociations directes sont possibles ». La Libye, notons-le, est dirigée actuellement par deux gouvernements et deux Parlements. À l’Ouest, il y a Fajr Libya, « Aube de la Libye », composée des islamistes originaires de Misrata. Cette coalition qui contrôle Tripoli et a remis en place l’ancien Parlement dominé par les islamistes. Cette situation a conduit la communauté internationale à ne reconnaître que le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thenni, réfugié à Al-Baïda dans l’est du pays depuis août. La nouvelle chambre des représentants, élue en juin, s’est également repliée dans l’Est. Le fer de lance de ce gouvernement et du parlement dominé par des libéraux, c’est le général Khalifa Haftar, qui a engagé en mai une vaste offensive contre les islamistes, notamment pour reprendre des villes clés comme Benghazi.
Nestor N'Gampoula |